Les Affreux
Plate-forme : Livres
Date de sortie : 05 Octobre 2023
Résumé | Test Complet | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
Aventure
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Ecrit par Jedidiah Ayres.

Publié en 2013, ce "western noir" situé dans les bas-fonds de la morale rappelle la série "Breaking Bad" d'AMC, sauf qu'au lieu de la relation mentor-mentoré entre Walter White et Jesse Pinkman, nous assistons au partenariat improbable entre le shérif Jimmy Mondale et le baron de la drogue semi-retraité, Chowder Thompson. L'autre membre principal de ce casting tordu est Terry Hickerson, un voyou qui cambriole les supérettes locales, se drogue régulièrement et fait chanter un prêtre homosexuel. Terry, Chowder et Jimmy sont tous les trois pères, ce qui ajoute une dynamique familiale inattendue à ce roman par ailleurs violent et cru. Nous voyons trois pères essayer de garder le contrôle sur leurs enfants, tout en gérant leur propre vie criminelle trépidante. Chowder, un caïd de la méthamphétamine, est le seul à ne pas être divorcé. Sa femme et lui entretiennent une relation étonnamment saine. Bien que sa fille et lui aient des différends, ils se respectent mutuellement. Jimmy, le shérif "gentil" qui se retrouve mêlé à l'entreprise de méthamphétamine, lutte plus que Chowder pour maintenir des relations solides avec sa famille, se sentant souvent distant et isolé. Pendant ce temps, Terry inculque à son fils les mêmes "valeurs" que celles auxquelles il tient dans sa propre vie : le sexe, la drogue et l'argent. Le fils de Terry le respecte, malgré les valeurs tordues de son père et la séparation de ses parents. Ayres montre que la paternité ne suit pas un ensemble de règles prescrites et qu'elle ne coïncide pas toujours avec la moralité. Il nous montre que ce que nous attendons n'est pas toujours le cas ; un baron de la drogue peut avoir une meilleure relation avec sa famille qu'un shérif.

Le roman passe d'un personnage à l'autre ; chaque courte section est intitulée Mondale, Chowder ou Terry. Au début, le lecteur peut être dérouté par le lien entre ces trois intrigues, mais au fur et à mesure que l'intrigue se développe, tout devient plus clair. Le choix d'Ayres d'utiliser la narration à la troisième personne était judicieux, car il permet au lecteur d'être plus détaché, comme si les actions étaient montrées à l'écran. Si Ayres avait écrit le roman à la première personne, les voix des personnages auraient gêné l'action. Au lieu de cela, le lecteur doit déduire les motivations des personnages à travers de subtils aperçus de sentiments, plutôt que d'être guidé main dans la main à travers tous leurs processus de pensée. À travers cet enchevêtrement de personnages à l'éthique perverse, Ayres brouille la frontière entre le bien et le mal, entre le blanc et le noir, vous laissant contempler la "boue" grise de l'humanité. En lançant coup sur coup des luttes familiales et des dilemmes déchirants, Ayres vous investit et fait monter le suspense jusqu'à une fin imprévisible. L'utilisation de l'ironie dramatique dans "Les Affreux" est très efficace. D'une certaine manière, vous devenez le "maître chanteur" en apprenant tous les détails et les ragots qui entourent la vie des personnages : les crimes qu'ils commettent, les mensonges qu'ils racontent et les secrets qu'ils gardent. Les personnages ne savent peut-être pas quel désastre les attend, mais vous, vous le savez, et vous ne pouvez pas détourner le regard. Comme les personnages, vous aurez le sentiment qu'il n'y a plus de retour en arrière possible et vous serez absorbé par la description vulgaire et impitoyable que fait Ayres de l'Amérique rurale et corrompue.

Le roman "Les Affreux" évoque l'esprit du Far West avec ses affrontements entre hors-la-loi et ses répliques dramatiques. Lorsque Jimmy apprend que Terry est sur le point de dénoncer son partenaire Chowder à la police, il regarde autour de lui et se rend compte "que cette terre a été un jour le Far West, et qu'elle l'est encore".. Par le biais d'affrontements dramatiques et d'une lutte pour le pouvoir dans un monde urbain défavorisé, Ayres rappelle le genre du western : la motivation pour la conquête de la frontière américaine indomptée. Les personnages tentent de mettre de l'ordre dans leurs poursuites criminelles compliquées, tout comme les personnages du western tentent de mettre de l'ordre dans le chaos qui entoure les terres non revendiquées. Pour Terry, cela signifie gagner du pouvoir sur les hommes d'autorité, par exemple en manipulant le riche prêtre par le chantage ou en dénonçant Chowder pour qu'il soit arrêté. Chowder et Jimmy tentent de créer un sentiment d'ordre en restant discrets, tout en récoltant les fruits de leur profitable empire de la drogue. Ayres utilise également des jeux de mots, qui ajoutent du symbolisme et de la profondeur à son style d'écriture. Le titre lui-même est un terme d'argot désignant un redneck. Peckerwood est le mot "woodpecker" inversé. Il désigne plus spécifiquement le pic à ventre rouge, qui a une tache rouge à l'arrière de la tête et du cou. Le pic lui-même est considéré comme une gêne ou une nuisance, tout comme le rôle intrusif et indiscret de Terry dans le roman. Le terme "peckerwood" est également associé au mot "pecker" de manière plus profane, ce qui coïncide avec l'abondance de jurons et de vulgarités dans le roman. Lorsque Chowder s'introduit dans la maison de Terry, il regarde Terry "qui dort comme l'innocence. L'innocence qui essaie de fourrer des doigts cassés dans le devant de son pantalon". Dans cette image grossière, Terry, le redneck, le peckerwood, montre son manque d'"innocence" en essayant de toucher son "pecker" avec ses mains mutilées et blessées lors d'un précédent affrontement avec Jimmy.

VERDICT

-

Les Affreux (Peckerwood) de Jedidiah Ayres est un roman sombre et plein d'action qui se lit comme un scénario au rythme effréné. L'auteur parvient à tisser un symbolisme "entre les lignes" caché derrière les obscénités, transformant la vulgarité de la vie en une littérature digne d'intérêt.

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