Quatre vingt ans après la fin de la guerre, le décalage entre la grande présence publique de l'histoire des camps de concentration d'une part - par exemple à l'occasion des célébrations de la libération - et le manque d'intérêt des chercheurs pour le sujet d'autre part est quand même étrange. Après des publications sporadiques dans les années 1960 et 1970, les camps de concentration font l'objet d'une attention renouvelée depuis les années 1990. Au début ds années 2000 seulement, les premières études scientifiques étaient menées sur certains "camps principaux". Le camp de Struthof est le seul camp de concentration avec crématoire bâti sur le sol français. Un sol français alors, en 1941, annexé par l'Allemagne, et qui s'appelait alors Natzweiler. Aujourd'hui les baraquements ont disparu. La potence, battue par les vents, règne sur le vide. C'est une sensation saisissante. Dans cette bande dessinéee, la classe de Simon, élève de 3ème, doit visiter le Struthof et il demande à sa grand-mère de les accompagner. L'occasion de revenir sur l'histoire familiale, douloureusement liée au camp. L'ouvrage parle des prisonniers, du travail dans le camp de concentration, du microcosme du camp de concentration (cela comprend les bâtiments, le personnel SS et la vie quotidienne des prisonniers) et les expériences médicales.

La bande dessinée offre alors une visite dans le présent éclairée par ce témoignage du passé. Cess ombres du passé. Aujourd'hui plus que jamais, cette bande dessinée est nécessaire. Elle témoigne de la barbarie que les extrémismes sont capables de faire. Elle témoigne de ce que la haine peut anéantir. Elle témoigne d'un passé qu'on ne ne doit jamais oublier. L’un des faits les plus intéressants concernant Natzweiler est qu’il s’agit du seul camp de concentration qui a continué d’exister grâce à ses sous-camps après son évacuation en septembre 1944. Alors que d'autres camps de concentration évacués ont été supprimés du système et que leur personnel et leurs prisonniers ont été absorbés dans d'autres camps, le bureau du commandant de Natzweiler est resté intact et a résidé - comme les bureaux de la Gestapo délocalisés - d'abord à Dachau, puis dans la maison d'hôtes "Zum Karpfen". La mesure dans laquelle l'importance du camp principal et des sous-camps a été relativisée est également illustrée par le fait que sur les quelque 51 000 prisonniers admis à Natzweiler de 1941 à 1945, 35 à 38 000 ont toujours été détenus uniquement dans les sous-camps. La terreur était devenue si indépendante que les quartiers généraux des principaux camps étaient devenus obsolètes à bien des égards.