Après un tome 8 davantage consacré aux journaux, celui-ci revient au coeur de l'action et du réseau de résistance. Nos trois adolescents ont bien grandi, et les actions du réseau Lynx également. Le débarquement approche, et en ce printemps 1944, les sabotages et maquis se multiplient, mais la répression des allemands et de la milice française également, et nombreux sont les résistants qui tomberont. Malgré l'espoir qui règne, les arrestations, fusillades et interrogatoires sous la torture sont bien présents. Lisa, Eusèbe et François restent plus déterminés que jamais à participer au mieux.

Cet épisode hautement politique, au sens noble du terme (bien commun), aborde simultanément deux aspects opposés de l’Occupation, qui pourtant se complètent comme le revers et l’avers d’une même pièce. Vincent Dugommier s'emploie à montrer la volonté forte des dirigeants de la Résistance à organiser, depuis le Royaume-Uni, les fondements d’un cadre précis, concret, avec des lignes directrices claires, pour la future reconstruction du pays. Des bases administratives, juridiques pour éviter le chaos. D’où ce titre aux accents d’optimisme, qui est également celui de l’ouvrage (le manuel à destination des chefs de réseau) contenant les instructions pour y parvenir. Ces directives que Lisa, Eusèbe et François , les trois enfants, membres fondateurs du réseau Le Lynx , vont devoir assimiler et contribuer à mettre en œuvre, tandis que s’esquissent (déjà) des lignes de fracture, y compris chez les Résistants quant à l'après-guerre (qui faire de cette femme enceinte, la manière dont des mains liées par l'amitié ou plus peuvent se séparer, etc.). Cependant, à court terme, leur principal souci sera de combattre un ennemi sanguinaire et implacable : la milice. Cette "police" française, composée de Français, n'ayant rien à envier à l’armée allemande ou à la Gestapo. Des fanatiques revanchards en uniforme pour la plupart, des volontaires au service de Vichy , générateurs de tous les retournements de cette aventure, Cet album est très bien fait, sans didactisme forcé, indigeste ou maladroit. Côté graphisme, le style est toujours détaillé, avec des personnages expressifs et dont on ressent la détermination. Enfin, le cahier pédagogique qui accompagne chaque fin de tome est toujours très intéressant, ici consacré aux maquis, à la milice et surtout à l'organisation de la résistance à l'approche du débarquement : le plan vert pour paralyser le réseau ferrovière, violet pour les communications téléphoniques, bleu pour les lignes à hautes tensions, et tortue pour le réseau routier autour des côtes normandes. Le lien est toujours fait avec les planches que l'on vient de voir, montrant comment des photos d'époque ont pu inspirer certaines cases.