Enfant de salaud
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 08 Janvier 2025
Résumé | Test Complet
Editeur :
Développeur :
Genre :
Bande dessinée
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario et dessin : Sébastien Gnaedig
Couleurs : Isabelle Merlet
d'après le roman de Sorj Chalandon

Enfant de salaud est le dixième roman de Sorj Chalandon, ancien reporter de guerre, écrivain français plusieurs fois primé pour ses reportages et ses romans. Il s'agit d'un ouvvrage autobiographique bouleversant sur la relation père-fils, qui se déroule sur différentes barricades, même si à des époques différentes.  Le personnage principal est un journaliste français qui, outre les reportages de guerre de différentes parties du monde, mais aussi historiques, est également étouffé par la biographie de son père, qui demande à participer au premier procès pour crimes contre l'humanité déposé par la justice française, le procès Klaus Barbie, nazi français, ancien chef de la Gestapo de Lyon, "accusé de l'arrestation, de la torture, de la déportation et de la mort de 83 juifs appartenant au comité lyonnais de l'Union générale des Israélites de France. Klaus Barbie, signant le télégramme "mission accomplie" après l'arrestation des enfants d'Izieu et de leurs compagnons. Klaus Barbie, seul responsable du « dernier train pour l'Allemagne » du 11 août 1944, qui déporta 650 personnes vers le camp français du Struthof, puis vers Dachau, Ravensbruck et Auschwitz. Enfin, Klaus Barbie, responsable de la mort du résistant juif Marcel Gompel, des tortures infligées à Lisa Lesèvre et de la disparition de sa famille" (d'ailleurs, en tant que reporter, Sorj Chalandon a reçu le prix Albert Londres pour son reportage sur L'Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie). Le journaliste, aujourd'hui âgé de 33 ans, sait depuis l'âge de 10 ans, par son grand-père, qu'il est "un enfant de salaud", car pendant la Seconde Guerre mondiale, son père était "du mauvais côté" et son grand-père l'a vu de ses propres yeux dans un uniforme nazi. Ensuite, il sait qu'il a fait partie des troupes SS même grâce à son père, qui, enfant, ne cessait de lui raconter ses incroyables aventures pendant la guerre, quand il a eu plusieurs vies et plusieurs guerres, dit-il. Mais bon nombre des histoires de son père ne sont pas vraiment liées. Il lui raconte que pendant la guerre il a fait partie de la Résistance française et des troupes nazies, en tant qu'ancien partisan, mais aussi de la Légion tricolore, en tant qu'ancien communiste, mais qu'il a aussi lutté contre les communistes, et aurait même défendu le parti hitlérien jusqu'après sa mort.

Grand-mère prétend que son fils est "un crétin et un idiot". Le fils a toujours honte, depuis l'enfance, de son père, de son comportement en public et à la maison, de son passé et de ses innombrables mensonges, une honte atrocement douloureuse, car elle n'a pas de remède, elle ne peut être apaisée par rien. Le narrateur comprend la colère de son grand-père, un homme courageux, un soldat compétent pendant la Première Guerre mondiale, un patriote, respecté au travail et dans le quartier, mais qui a découvert que son père était un collaborateur des nazis. Et comme il n'en pouvait plus de la honte, il passa le relais à son neveu. Et quand même le petit-fils ne pouvait plus résiste, il obtient, avec l'aide de son meilleur ami historien, le dossier du principal « méchant ». ", un dossier qui l'a encore plus horrifié, car seulement maintenant il ne comprend plus rien ("124 pages qui racontaient la guerre de mon père (...), la vie de mon père"), même si la réalité est quelque chose de plus facile à supporter que les milliers de mensonges qu'il devait continuer à raconter il entend tout au long de sa vie. Et lorsqu'il tente de clarifier les eaux, son père lui dit face à face qu'il ne regrette rien et que ce ne sont pas ses affaires. Mais en même temps, tout est recouvert d'un léger vernis d'irréalité, dans lequel collaborent le dessin négligent et le jeu chromatique sobre utilisé... une irréalité qui permet à l'histoire de ne pas devenir complètement absurde.

VERDICT

-

Étant autobiographique, le roman est très intense et dégage beaucoup d'énergie, des états contradictoires mais très forts, toujours sur le fil du couteau. Un roman graphique historique, psychologique, familial, qui n'est pas sans rappeler la Lettre au Père de Franz Kafka , mais plus théâtral, plus cinématographique.

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