Une nouvelle aventure brillante.

The Lonesome Guild est un RPG d'action isométrique développé par le studio turinois Tiny Bull Studios, où la solitude devient un ennemi à vaincre par l'union et la force des liens humains (et bien plus encore). Le jeu nous met dans la peau de Ghost , un esprit amnésique, chargé de recruter une équipe de six personnages uniques, chacun avec son histoire et ses capacités à découvrir, afin d'affronter une mystérieuse menace qui enveloppe le monde d'Aether d'un dangereux brouillard rouge. L'intrigue débute presque à pas de loup, nous présentant Davinci, un inventeur aussi brillant que fragile, fuyant un brouillard mortel, symbole tangible de la Solitude qui menace d'anéantir tout ce qu'il connaît. La rencontre avec Ghost, présence éthérée et amnésique, est l'élément déclencheur d'un récit tantôt mélancolique, tantôt onirique, ancré dans les thèmes universels de l'amitié, du deuil et de l'épanouissement personnel. L'histoire se déploie à travers une multitude de micro-récits, chaque lieu exploré apportant, outre de nouveaux défis, une pièce supplémentaire au puzzle de la reconstruction d'une réalité fracturée : la Solitude n'est pas seulement une force antagoniste, mais aussi le reflet des luttes intérieures des habitants d'Éther. Au fil de l'aventure, de nouveaux membres rejoignent la Guilde , chacun apportant avec lui ses traumatismes, ses rêves et ses compétences uniques. Le hibou rationnel, le renard distant et ironique, le loup aux multiples facettes, le cerf empathique : la structure narrative permet à chaque personnage de briller, offrant un espace suffisant pour explorer une palette émotionnelle rare dans les RPG d'action.

Les dialogues, souvent ponctués de sarcasme et de plaisanteries, alternent avec brio moments de légèreté et scènes d'une intensité dramatique saisissante. La subtilité avec laquelle sont abordés des thèmes tels que le sentiment d'inadéquation, le besoin d'acceptation et la peur du changement est surprenante ; des éléments qui trouvent également leur expression dans les quêtes secondaires, toujours liées à la quête principale. L'un des points forts du récit réside dans sa capacité à créer un crescendo émotionnel : région après région, les enjeux s'intensifient, révélant des complots et des sacrifices qui ne tombent jamais dans la rhétorique. Sans dévoiler l'intrigue, on peut dire que le parcours des Élus devient une métaphore pour chacun d'entre nous, confrontés à nos propres démons intérieurs, mais renforcés à chaque fois que nous choisissons de partager ce fardeau avec un ami. En ce sens, le récit de The Lonesome Guild se révèle être un petit bijou, capable de toucher des cordes sensibles avec une simplicité jamais banale. Pour le plus grand plaisir des joueurs français, le jeu est entièrement localisé dans la langue de Molière.

Un gameplay classique et accessible.

Le gameplay de The Lonesome Guild mêle des éléments classiques du RPG d'action à des idées originales, offrant une expérience à la fois accessible et riche en mécaniques profondes. La vue isométrique permet de se déplacer librement dans les vastes régions d'Aether, alternant exploration, combats, résolution d'énigmes et interactions avec les PNJ. Au premier abord, le jeu semble linéaire, mais au fil de l'histoire, de nouvelles possibilités tactiques se dévoilent progressivement : chaque personnage possède des compétences uniques de déplacement, d'attaque et de soutien, et la synergie entre les membres de la guilde reste essentielle pour vaincre les groupes d'ennemis et les boss les plus redoutables. Le système de « tag » est emblématique : le Fantôme , l’esprit que l’on peut posséder et qui nous permet de contrôler activement nos compagnons, nous oblige à évaluer le meilleur moment pour changer de personnage, en exploitant le pouvoir appelé « Ferveur ». Durant les combats, nous pouvons ainsi enchaîner les attaques, débloquer des combos et même déclencher un coup final capable d’infliger de lourds dégâts et d’atteindre les ennemis où qu’ils soient dans la zone. Tout se déroule en temps réel, mais une pause tactique optionnelle est possible, utile pour élaborer des stratégies plus complexes ou lorsque l’on est encerclé par plusieurs adversaires. La progression est rythmée par un système de croissance particulièrement gratifiant : chaque combat rapporte de l’expérience à tout le groupe, ce qui permet d’éviter les pics de difficulté dus à des personnages de niveau insuffisant.

L’acquisition de nouvelles compétences (passives et actives) offre une grande liberté de personnalisation, grâce notamment à un inventaire d’objets assez varié. Il ne faut pas non plus sous-estimer les phases d'exploration, où la logique, l'observation et la coordination entre les membres de l'équipe sont souvent essentielles : entre mécanismes de pression, leviers et énigmes environnementales, le jeu parvient à proposer constamment de nouvelles idées, maintenant une grande variété et évitant toute sensation de répétitivité ( et nous avons particulièrement apprécié le fait que les zones regorgent de secrets cachés qui récompensent les plus attentifs). Concernant les combats, la présence de trois emplacements actifs pour l'équipe et la possibilité de renforcer les liens entre les personnages, indispensable pour débloquer des compétences synergiques , ajoutent une dimension stratégique qui encourage la collaboration et l'expérimentation. On trouve également un nombre appréciable de quêtes secondaires, utiles à la fois pour l'histoire principale et pour améliorer ses chances de victoire en fin de partie. Si nous devions relever un point faible, ce serait l'équilibrage parfois imparfait, surtout dans les niveaux avancés ou aux niveaux de difficulté élevés, où certaines configurations se révèlent nettement plus puissantes que d'autres, ce qui incite néanmoins à une optimisation continue. Cependant, terminer l'aventure prend en moyenne vingt heures, une durée plus que satisfaisante pour ce type d'expérience.

Une réalisation séduisante.

La direction artistique de The Lonesome Guild est l'un des traits les plus marquants de la production, puisant son inspiration dans un univers à la frontière du conte de fées et du mystère. Les personnages, avec leurs silhouettes à la fois caricaturales et profondément mélancoliques, rappellent le design de grands classiques du jeu indépendant, tout en racontant leur propre histoire d'un seul coup d'œil. Les environnements, colorés et riches en détails, alternent entre régions boisées et étendues enneigées, villages oubliés et grottes obscures, avec des palettes de couleurs choisies avec soin pour refléter l'atmosphère des situations narratives : le brouillard rouge qui se glisse entre les maisons, le ciel ocre d'Aether, autant de petits détails qui font toute la différence pour une immersion totale. Sur le plan technique, le jeu fonctionne parfaitement sur PS5 avec une stabilité générale qui nous a permis de vivre l'aventure sans interruption ni bug majeur. Côté interface, les menus sont clairs et intuitifs, avec un texte suffisamment grand pour être lisible même sur les petits écrans. Les développeurs ont opté pour des solutions accessibles et sans fioritures, garantissant un plaisir immédiat, même pour les néophytes du genre. Globalement, la production artistique et technique privilégie la fonctionnalité et l'expressivité à la simple puissance graphique ; un choix qui se révèle payant, notamment en termes de cohérence stylistique.
 
La bande-son constitue le véritable ciment émotionnel du jeu, compensant l'absence de doublage par une musique évocatrice et variée, capable d'accompagner chaque zone et chaque événement avec des morceaux distincts et facilement reconnaissables. La musique oscille entre des passages délicats, presque murmurés, lorsque le récit devient intimiste, et des morceaux plus rythmés lors des combats ou des phases d'exploration dynamiques. Les effets sonores, quant à eux, sont toujours clairs et incisifs, ponctuant chaque action avec juste ce qu'il faut d'emphase : des compétences activées à la résolution d'énigmes en passant par les petits effets environnementaux (pluie, pas, vent), tout contribue à créer un monde vivant ( nous avons également apprécié le mixage audio, qui permet de distinguer facilement les différents retours sans jamais être intrusif). Dommage en revanche que  Dont Nod n'ait pas proposé de version physique pour le moment.