Le comte polonais Mieszko Skarbek apparaît dans le Paris de 1843. Il se présente au célèbre marchand d'art Daniel Northbrook comme extrêmement intéressé par les œuvres d'un peintre, Louis Paulus, décédé trop tôt. Northbrook, pour sa part, affirme qu'il a presque tout le travail de Paulus en sa possession. Le comte Skarbek veut faire la lumière sur 227 toiles de Paulus, car il s'avère qu'il est lui même le peintre que l'on pensait disparu. Il est revenu dix ans après sa mort présumée pour se venger de Northbrook, qui l'a manipulé et - du moins, le pensait-il - assassiné. Dans la deuxième partie, nous retrouvons plus ou moins la même chose, bien qu’il existe une histoire de pirates (y compris un trésor caché) autour des intrigues d’identité et de cour. La contribution de ce diptyque à l’histoire de la bande dessinée européenne est multiple. Yves Sente a trouvé, en plus de son existence dans l' édition, une légitimité définitive en tant que scénariste et s'est depuis développé en tant qu'écrivain régulier de Thorgal, XIII et Blake & Mortimer. Grzegorz Rosinski a quant à lui acquis la confiance nécessaire pour peindre Thorgal sur toile au lieu du style de dessin classique et réaliste en noir et blanc qui est ensuite coloré. Avec ce bundle intégral, qui peut facilement passer pour une édition de luxe, vous retrouverez en prime, le carnet de croquis du procès et des esquisses inédites de Paulus-Rosinski.

Ce thriller de vengeance évoque sans nul doute Le Comte de Monte Cristo, ce qui facilite la recherche de la véritable identité du comte Skarbek. Sente parvient à ponctuer subtilement l’album de clins d’œil à d’autres histoires (notamment le Comte de Monte Cristo d’Alexandre Dumas) et des faits et chiffres historiques (Frédéric Chopin , l’indépendance de la Belgique, etc). Les scènes de cour réservent des feux d'artifice verbaux, des suspicions surprenantes et des révélations étonnantes qui éveillent le public en un "ooooh" allongé. Dans d'autres moments, nous nous retrouvons dans des intérieurs de salles sombres, dans des studios colorés à Paris, sous un soleil tropical parmi les autochtones ou les pirates, de sorte que l'histoire est plus qu'un thriller judiciaire. Le plus grand honneur, cependant, est réservé à Rosinski, qui prouve une fois encore qu'il est un dessinateur / peintre expressif. Nous avons l'impression qu'il pouvait tranquillement prendre son temps pour cet album. En tout état de cause, Rosinski sait comment dépeindre les émotions de manière frappante, même si cela se passe dans le contexte de Skarbek avec plus de panache et une expressivité diabolique pour un impact plus grand, voire exagéré. Thorgal a un caractère plus calme et réagit moins violemment que les personnages de cette saga.