Fin des années 1960 – Bébert-la-Gambille sort de taule, et il est persuadé que c’est son ancien ami Jo qui l’a balancé et qui lui a piqué son pognon… Il ne compte pas laisser passer cette trahison ! Jo appelle ses amis Toine et le Grizzli - qui tient son surnom autant de sa carrure qu'à sa pilosité - afin qu’ils l’aident à se sortir de cette situation plus que délicate. Règlements de compte et magouilles en tous genres sont au programme de cette nouvelle série pour vous aligner les macchabées et sortir tout le monde de la mouise.

Replonger dans les films de Audiard ou de Simonin c'est d'abord une immersion dans un vocabulaire. On est a l'écoute d'un bon mot et de celui que l'on aura pas compris au premier abord. C'est ensuite une plongée dans un monde très masculin où le concours "de la plus grosse" n'est jamais loin mais qui nous semble être un folklore acceptable tant la revendication n'est rarement autre que celui de "la débrouille". C'est enfin et pour une grande part, entrer dans un univers où "le code de l'amitié" est distendu et où on ne sait pas trop si il s'agit d'une réelle fraternité ou d'opportunités connexes. Dans le Grizzli, Matz nous rappelle Mallet dans la fluidité de ses scénarios et dans l'ambiance toute particulière qu'il arrive a nous transmettre. Nous suivons trois vieux amis, rangés après des années tumultueuses et qui voient le passé ressurgir sans prévenir. Quelle est la place de l'amitié lorsqu'il est impossible de dévoiler ses problèmes ou situations de vie ? Quelle place donner au soutient attendu lorsque les informations sont pipées et que par honte ou crainte du regard réprobateur on ne peut se livrer ? Certains conditionnent leurs écoutes en fonction de ce qui leurs semblent acceptable et l'on se retrouve alors seul a gérer nos envies et nos choix. Jo sera de ceux la, abandonné par une amitié d'injonction a être ce qu'on lui demande malgré tout. Les dessins de Fred Simon sont tout en gueules forcées, carrés, proches du cartoon dans certains mouvements et sublimes de vues urbaines.