Des héros en devenir.

Nous sommes de retour au Royaume de Nostria, où le prince héritier a besoin de nous pour résoudre un problème très épineux. Entre épidémies magiques et conspirations de la cour, King's Bounty II tente de donner un nouveau souffle à la saga des RPG tactiques. En effet, le dernier chapitre de cette franchise est sorti il y a de nombreuses années et 1C Entertainment a donc décidé de faire un soft reboot plutôt qu'une suite. Ce qui a poussé les développeurs vers cette voie, c'est l'intention d'essayer de rafraîchir la formule classique du jeu, en essayant de la rendre aussi moderne et attrayante que possible pour les joueurs actuels. D'une certaine manière, ils ont réussi. King's Bounty II s'éloigne partiellement de la recette qui a distingué les épisodes précédents de la série, juste assez pour que l'expérience de jeu semble nouvelle et familière à la fois. Cela est dû avant tout au passage d'une vue aérienne à une caméra qui cadre le personnage de dos, à la troisième personne. Mais ce n'est pas tout, puisque l'équilibre entre les différentes âmes du jeu s'oriente désormais davantage vers la composante RPG, tout en conservant une forte vocation stratégique.

Comme c'est souvent le cas dans des titres similaires, ici aussi nous devons d'abord choisir le personnage qui nous accompagnera pendant les dizaines d'heures nécessaires pour atteindre le générique de fin. Il y a trois protagonistes potentiels : Aivar, un noble déchu devenu mercenaire ; Katharine, une fascinante experte en arts arcaniques ; et Elisa, une jeune paladine d'origine modeste. Inutile de dire que les trois personnages ont des capacités différentes, mais l'arbre de compétences est commun à tous. Cela signifie que si le point de départ est différent, il n'y a aucune raison de ne pas faire, par exemple, de Katharine une guerrière ou d'Aivar un puissant sorcier. La spécialisation de base n'est qu'une piste que nous ne sommes pas obligés de suivre au cours de l'aventure, car nous accumulons de l'expérience et débloquons d'autres talents, qui sont liés à l'alignement moral du personnage (influencé par les choix faits lors de la résolution des quêtes). Par exemple, les capacités arcaniques sont liées à la ruse, qui s'obtient en accomplissant des quêtes en utilisant son cerveau, plutôt qu'en faisant parler les épées.

Aventures hexagonales.

Après avoir choisi un personnage et traversé un long tutoriel dans une région enneigée du monde, nous nous retrouvons au service de la couronne de Nostria, chargés par le prince héritier d'enquêter sur un incident magique qui semble avoir déclenché une mystérieuse épidémie arcanique. Il va sans dire que nous découvrirons bientôt que cette petite mésaventure arcanique n'était pas accidentelle. Nous serons donc impliqués dans une vaste conspiration qui nous obligera à traverser une grande partie du royaume pour trouver les conspirateurs et les traduire en justice. À partir de là, l'intrigue se montre immédiatement pour ce qu'elle est : une collection de clichés, souvent assez banals, se déroulant dans l'univers fantastique le plus générique et le plus dérivé que l'on puisse imaginer. Le décor de King's Bounty II ne parvient jamais à se défaire de cette impression d'avoir déjà été vu dans des dizaines, voire des centaines, d'autres œuvres similaires, ce qui contribue à une certaine platitude de l'expérience. Cela n'aide pas que, à l'exception de quelques personnages principaux, tous les PNJ avec lesquels on échange quelques plaisanteries aient les mêmes caractéristiques, ne changeant peut-être que la couleur ou la coiffure de leurs cheveux. En revanche, le système tactique sur lequel reposent les affrontements entre les différentes armées est assez bon.

Pour résoudre la plupart des problèmes, nous nous retrouverons à la tête d'une poignée d'unités sur le champ de bataille : un échiquier composé de cases hexagonales tirées de la carte de l'aventure, à l'intérieur duquel les troupes alliées et ennemies se déplacent et agissent à tour de rôle. Celles-ci sont influencées par les statistiques et les compétences du héros, qui peut également lancer des sorts puissants une fois par tour, à condition de les avoir stockés dans son livre de sorts ou d'être en possession de parchemins spéciaux à usage unique. Cependant, le combat tactique au tour par tour n'est pas sans défaut. Dans certains cas, surtout dans les derniers stades du jeu, les combats deviennent complètement déséquilibrés en défaveur du joueur. Il nous est arrivé plusieurs fois que des unités entières - souvent améliorées au maximum - soient anéanties au premier tour de combat, avant même que l'on puisse agir, et tout cela pour la seule volonté du hasard qui a accordé des coups critiques et des possibilités d'agir plusieurs fois aux troupes ennemies. Dans ces circonstances, la stratégie part en vrille, et la seule façon de surmonter le combat est de recharger la sauvegarde automatique juste avant le début de la bataille dans l'espoir que les dieux de la chance soient plus cléments.

Un certain manque d'équlibre.

C'est dommage, car lorsque l'IA se bat à armes égales, elle peut aussi se montrer très compétitive, à tel point que gagner une bataille dans des conditions équilibrées entre les deux camps est souvent très satisfaisant. Pourtant, vers la fin, King's Bounty II devient tout simplement frustrant dans sa tentative d'offrir un défi plus grand, et vraiment mal calibré, au joueur. Sans parler du fait que le jeu semble parfois avoir été développé pour faire perdre du temps à l'utilisateur : le personnage est incroyablement lent, même à cheval, et les points de déplacement rapide sont dispersés de manière inexplicable sur la carte, souvent loin des points d'intérêt ou des marchands vendant des unités. Comme les troupes meurent souvent, vous devez sans cesse faire des allers-retours, ce qui vous fait perdre beaucoup de temps dans des déplacements fastidieux au pas de course vers et depuis les colonies. Dans King's Bounty II, vous devez combattre le risque d'ennui et de frustration avant même les conspirateurs contre la couronne.  Le jeu ne brille pas par ses prouesses graphiques, mais il est mal optimisé, à tel point que nous avons souvent constaté des baisses de frame rate et un chargement tardif des textures. De plus, le personnage restait souvent bloqué dans le décor, ce qui obligeait à recommencer à partir de la sauvegarde la plus récente. Il n'y a pas d'optimisation PS5 non plus à ce stade, et les développeurs n'ont pas encore annoncé de plan dans ce domaine.