Melonius Brigantus est un soldat romain qui fait partie d'une centurie qui se rend en renfort à un avant-poste romain situé près du territoire picte. L'objectif de cette centurie est de renforcer cette position fortifiée. En chemin, nous voyons les Romains entrer dans un village plutôt sordide et réquisitionner nourriture et bétail au nom de Rome. Une fois enfoncée dans la lande brumeuse, la centurie de Brigantus est surprise par un groupe de guerriers pictes. Silencieux et sous le couvert du brouillard, ils surprennent les Romains. La férocité de ces guerriers et leur tactique de guérilla compensent le fait que les Romains sont mieux armés et, après une bataille brève mais intense, la centurie de Brigantus est décimée, ne laissant que quelques survivants. Un petit groupe de cinq soldats doit alors traverser les terres calédoniennes pour atteindre la côte et, de là, rejoindre les soldats au fort. Deux problèmes se posent : Le premier, qu'ils sont ravagés par les Pictes, le second, que Brigantus suscite la méfiance de ses compagnons d'armes. Brigantus est un personnage particulier : très grand pour l'époque, extrêmement fort, ses compagnons l'appellent "le Picte" pour le provoquer. Habile au maniement des armes et impitoyable au combat, il a un caractère réservé et introverti. D'une manière ou d'une autre, il n'est pas tout à fait à sa place parmi les siens, et dans ce premier chapitre, nous recevons des informations au compte-gouttes sur son passé. Nous apprenons que Brigantus a été abandonné par sa mère et élevé par les légionnaires. Il se distingue par sa taille, n'est apparemment pas très intelligent et fait l'objet de moqueries et d'humiliations de la part de ses compagnons.

Cette fois-ci, il s'agit d'une nouvelle œuvre du duo Hermann père-fils, dont on ne sait pas combien de numéros, et qui se déroule dans la Rome antique. Ce n'est pas la première fois qu'Hermann utilise cette période historique, puisqu'il l'a déjà fait dans l'œuvre Jugurtha il y a de nombreuses années. En fait, ce projet vient après l'achèvement de Duke, une œuvre en sept numéros. Brigantus se déroule en 84 après J.-C. La Méditerranée est contrôlée par les Romains qui se préparent à envahir l'ensemble des îles britanniques. Afin de contextualiser la période historique de la série, donnons quelques dates et données historiques : Jules César avait débarqué sur l'île un siècle plus tôt, vainquant les tribus celtes et britanniques, mais la partie sud de l'île restait incontrôlable.  En 61 après J.-C., la reine celte Boudicca a rasé la ville de Londinum. C'est 23 ans avant l'histoire que nous raconte Hermann. En conséquence, les Romains exercent une série de représailles visant à s'étendre dans le nord de l'île. Les Romains ne réussirent jamais à dominer l'île et, en 122, ils construisirent le mur d'Hadrien pour contenir les attaques des Pictes. Le dessin est du Hermann dans la force de l'âge : Nous avons beaucoup de scènes d'action, peu de dialogues et des tons sombres. Les couleurs gris, noir et rouge sont prédominantes. Cela contribue au ton désolé de la lande écossaise. Il s'en dégage un grand sentiment de malaise, on sent qu'une menace plane sur les soldats. D'autre part, et en cela la pièce a rappelé "Les Tours de Bois-Maury", elle transmet très bien le sentiment de misère et de sordide, tant chez les habitants pictes que dans la vie quotidienne des soldats. Et la réalité de l'époque est loin d'être l'image idyllique que l'on peut s'en faire. Comme toujours chez Hermann, le dessin est merveilleux et le travail est très intéressant. Il s'agit d'un premier numéro qui, oui, a été court. On a envie d'en savoir plus sur le personnage principal. Brigantus est un homme plein d'énigmes, l'œuvre a un rebondissement que nous n'allons pas commenter ici, qui est très intéressant et qui donne envie de lire le prochain numéro. En ce qui concerne l'édition, nous avons comme suppléments un glossaire de termes sur l'armée romaine de l'époque et plusieurs illustrations d'Hermann.