Interview Jef
Lors du salon Quai des Bulles, nous avons pu croiser Jef, l'occasion de revenir sur l'album "Deux hommes en guerre
Deux hommes en guerre marque votre première collaboration avec Stephen Desberg, c'est lui qui vous avez proposé ce projet ?
En fait c'est une longue histoire ! Initialement, c'est Hugues Labiano qui m'a contacté via les réseaux sociaux pour travailler sur un projet personnel qu'il voulait développer. Le scénario a été validé par Le Lombard, mais finalement nous n'avons pas pu aller jusqu'au bout. C'est comme ça que je suis arrivé au Lombard, et ensuite, ils m'ont proposé ce projet "Deux hommes en guerre" avec Stephen Desberg. Stephen qui travaille souvent avec Hugues d'ailleurs.
L'histoire est basée sur des faits réels, ça vous a séduit tout de suite ?
A vrai dire, ce qui m'a le plus séduit, c'est travaillé avec Stephen et le Lombard. Et puis après j'ai rencontré Claude Moniquet, que je ne connaissais pas du tout, et j'ai trouvé son personnage très intéressant, ancien de la D.G.S.E. mais pas ancien espion.
C'est un oxymore ?
Ah non pas du tout. Claude n'aime pas du tout le terme espion, ça évoque le côté grandiloquent de James Bond, les filles, l'alcool. La réalité de terrain est différent de cela. Ici nous avons un thriller réaliste, la trame ne se base pas sur des faits réels, mais avec les affaires d'hélicoptères, la politique et les malversations, il y a une base de vérité.
Comment s'est déroulé le travail avec Desberg ?
Comme d'habitude, j'aime bien faire la mise en scène moi même, je ne modifie jamais les dialogues ni le texte, mais j'adapte le découpage. Parfois, il y a une seule case à la place de deux, parfois la page passe à six cases. C'est mon job de metteur en scène, bien que je travaille sans storyboard. ça peut être inquiétant, enfin surtout pour les éditeurs, car j'attaque directement le travail. Le storyboard fait perdre du temps, on redessinne encore et encore la même chose. Cela me dérange moins de faire des changements sur quelque chose de fini que sur des storyboards.
C'est pour ça que vous avez réussi à enchainer deux albums coup sur coup, avec Geronimo (Rue de Sèvres) et Deux hommes en guerre.
Oui tout à fait. Je commence toujours le travail par des recherches iconographiques et des documentations avant de me lancer. Après j'aime bien alterner les styles, bien qu'étant fan de cinéma américain, ça a fortement influencé mon travail, notamment les albums que j'ai fait avec Matz.
Le travail a été réalisé à l'ordinateur et manuellement
Oui exactement, chaque case est sous format A4. Je n'ai pas de planches, ensuite je scanne, puis je photocopie ce dessin sur un papier à dessin et je fais la mise en couleurs sur cette copie-là. Après, je scanne le dessin colorisé et ensuite, je retravaille sous Photoshop. J'applique moi même les filtres que je crée entièrement. Les filtres Photoshop ne me séduissent pas vraiment, hormis pour la mise en place de la lumière.
La suite de Deux hommes en guerre est déjà en préparation ?
Je ne peux pas vraiment en parler, j'ai lu seulement les vingt premières pages, Stephen étant parti en voyage (rires). J'ai commencé à travailler dessus sans savoir comment l'histoire allait finir. Par contre, il y a beaucoup d'action dans cette partie.
Quels sont vos futurs projets ?
Je travaille sur un autre ouvrage chez Le Lombard, concernant l'Histoire de France de 1945 à nos jours. Ce sera en six tomes, trois diptyques pour être précis, et le premier tome arrivera en mars 2019. On va revenir sur les faits marquants de cette période, jusqu'à l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir. Le questionnement est surtout de savoir "Comment en est-on arrivé là politiquement ?". Le scénariste principal est Thomas Kotlarek, c'est mon meilleur ami, le tome 2 sera quant à lui dessiné par Joël Alessandra. Pour information, cette série est conçu en collaboration avec un grand philosophe français que j'ai moi-même démarché. Il a presque le même rôle que Claude Moniquet dans Deux hommes en guerre.
Merci Jef
Merci et à bientôt