Ces dernières années, nous avons eu l'habitude de dire que si vous voulez avoir vraiment peur, plutôt que de regarder un film d'horreur, il vous suffit de regarder n'importe quel documentaire sur l'écologie et le changement climatique. Le problème, c'est qu'à la fin de la lecture de la bande dessinée, du livre ou du film, on s'est déjà rendu compte que le danger représenté ne relève pas de la fiction. C'est ainsi que commence cette Algue Verte, qui dans ses premières pages débute une reconstitution des faits qui a des relents de film d'horreur, de thriller, très judicieusement de la part des auteurs pour attirer la curiosité du lecteur. Le documentaire présente le danger des algues hautement toxiques qui s'accumulent sur les plages bretonnes, causant plusieurs décès au fil des ans. La BD a donc une structure impeccable. D'abord avec l'ouverture et la première partie qui, avant de gratter les origines du problème, met sur la table les thèmes de Don't look up. D'une part, les difficultés à attirer l'attention sur le problème et, d'autre part, le désir de divers intérêts de le cacher.

Une fois les nids de poule présentés et vers le milieu du livre, les auteurs se plongent dans une analyse qui se penche d'abord sur les précédents historiques pour trouver les causes anthropologiques, puis sur un éventail vertigineux de groupes et d'intérêts qui rendent le changement impossible, ainsi que sur la panoplie de ressources pour dissimuler la vérité. La structure réussie est le pilier qui soutient une œuvre à la narration variable qui passe de la voix off documentaire au témoignage qui apporte des informations. La transmission du message est aidée par un dessin clair dans ses formes avec une pointe de fragilité qui transmet le malaise. L'utilisation dominante du vert est très efficace et particulièrement envahissante vers la fin de l'œuvre, qui transmet que le problème est loin d'être résolu.