Développer Starfield n'était pas une simple évolution, mais un véritable saut dans l'inconnu. C'est ce qu'a déclaré Emil Pagliarulo , directeur du design chez Bethesda, qualifiant le projet d'« idée incroyablement folle » pour un studio n'ayant jamais créé de jeu de rôle spatial. Un pari risqué, certes, mais assumé en toute connaissance de cause. Selon Pagliarulo, l'absence même de précédent a fait de Starfield un projet indispensable. Un acte de courage créatif plutôt qu'un choix stratégique. Dans une récente interview accordée à GamesRadar , Pagliarulo explique que Bethesda ne conçoit pas ses jeux en se préoccupant de l'avenir de l'industrie ni du nombre de joueurs qui les essaieront. Au contraire, trop se focaliser sur l'impact commercial ou les retours du public peut s'avérer paralysant. La bonne approche, selon le directeur, consiste à « explorer son propre espace créatif » et à viser à créer le jeu le plus amusant et cohérent possible, sans se laisser freiner par les attentes extérieures. Cette philosophie découle également de l'expérience acquise avec Fallout 4, un titre qui n'avait pas pour vocation d'être une simple évolution de Fallout 3 ni un modèle rigide pour les jeux suivants. À l'époque, Bethesda apprenait encore ce que signifiait véritablement « posséder » une licence, même d'un point de vue créatif. Fallout 4 était un projet immense et complexe, jalonné de choix difficiles : définir un ton plus optimiste, introduire des factions au cœur de l'histoire principale, ou encore prendre des décisions controversées comme le doublage du protagoniste et la simplification du système de dialogues.

Pagliarulo reconnaît que nombre de ces choix n'ont pas fait l'unanimité, mais souligne que Bethesda a toujours fait preuve d'une grande honnêteté en reconnaissant ses erreurs. Changer de cap est difficile, car cela implique d'accepter un gaspillage de travail et de ressources, mais c'est aussi le seul moyen d'améliorer le résultat final. C'est un processus douloureux, mais essentiel à la progression du jeu et de l'équipe. Les critiques formulées à l'encontre de Fallout 4 ont d'ailleurs conduit à l'une des décisions clés de Starfield : le retour à un protagoniste muet. Bethesda pensait initialement que le doublage était indispensable pour rester compétitif dans l'industrie des jeux AAA, mais avec le temps, le studio a réalisé que de nombreux joueurs privilégiaient une plus grande liberté d'expression et d'interprétation. L'écoute des fans, sans pour autant renier son identité, est devenue un pilier du développement de Starfield. Le directeur de Bethesda a également souligné qu'il n'existe pas de définition unique du « jeu de rôle ». Le genre est en constante évolution et chaque titre interprète différemment des concepts tels que les dialogues, les choix, l'histoire et les caractéristiques des personnages. Bethesda sait qu'elle crée des jeux de rôle d'action et ne cherche pas à suivre une formule universelle : l'objectif reste d'offrir une histoire captivante, un gameplay immersif et, surtout, une liberté maximale pour le joueur.