Nous sommes fin 1967. Nous suivons cette fois le quotidien de Monique, une jeune femme de 18 ans qui est enceinte et qui vit avec son petit ami Eric, l'instit du village. Elle ne voit plus ses parents, son père étant contre sa relation avec un communiste. Alors que sa meilleure amie Yveline est partie étudier à Paris, Monique s'ennuie. Elle passe ses journées seule chez elle, ses uniques visites venant de Miltiade, le cordonnier du village. Yveline revient de temps en temps dans son village de Castelnau sur Garonne, mais sa relation à distance avec son copain Pascal ne se passe pas pour le mieux. C’est avec émotion que nous suivons leurs parcours atypiques pour l’époque. Les tensions sont fortes partout en France, les jeunes rêvent de liberté, la société française se transforme. Le rugby rassemble la jeune génération, toutes classes sociales confondues, et permet une une solidarité nouvelle sur le terrain de jeu marqué par la rudesse et l’inflexibilité des entraîneurs. Les histoires de Monique et Yveline abordent avec beaucoup de justesse les difficultés des femmes dans les années 60 au travers notamment de la maternité et du droit à l’IVG.

Il s’agit ici du second tome de la trilogie Les vents ovales d’Aude Mermilliod, Jean-Louis Tripp et Horne. Série dans laquelle les auteurs vont mettre en parallèle Mai 1968 et le rugby. En bref, les auteurs nous dépeignent la vie des jeunes juste avant mai 68 dans les petits villages du Sud-ouest de la France. Nous avons beaucoup aimé la lecture, la forme utilisée est très intéressante car les auteurs ont choisi de raconter l’histoire mois par mois (à partir d'octobre 1967 dans ce tome) et chaque mois commence en mentionnant d’importants événements nationaux ou mondiaux qui ont eu lieu à cette période, le tout en noir et blanc. Cet ouvrage graphique a su nous faire voyager avec brio dans le passé. La lecture est fluide, les personnages intéressants, les dessins sont somptueux et tellement vifs. Après "Magasin Général", une nouvelle fresque sociétale joyeuse nous attend.