Sutures (Kai, Sasu) est un ouvrage unitaire paru au Japon aux éditions Shogakukan. Le brillant auteur Junji Ito connaît une seconde jeunesse grâce aux rééditions réalisées par Mangetsu. Il convient de préciser qu'il ne s'agit pas d'un manga classique, mais d'un recueil d'histoires écrites par Hirokatu Kihara et illustrées par le maître Ito. Au total, neuf histoires, plus une nouvelle, désormais en bande dessinée, écrite et dessinée par notre dessinateur de manga d'horreur préféré. Les histoires rassemblées ont été initialement publiées entre 2009 et 2010 dans le magazine Gekkan Shônen Sunday. Kihara y écrit une série de récits fantastiques censés avoir une base "réaliste".

Bien que nous ayons dit qu'Ito ne faisait qu'illustrer les textes, force est de constater que le style de l'auteur s'y prête parfaitement, notamment lorsqu'il s'agit d'extraire des informations précieuses de situations courantes issues des coutumes locales d'une société aussi conservatrice que celle du Japon. C'est précisément ce conservatisme qui est le plus frappant dans ce genre d'histoires, qui passent de la « réalité » à un monde peuplé d'oni et de yokai. Qu'il s'agisse de la puissance du macabre ou de la noirceur qui enveloppe le quotidien, Kihara nous offre un ouvrage magnifiquement écrit qui fait froid dans le dos. Une lecture satisfaisante, riche en moments forts et glaçants, qui, compte tenu de son format, stimule l'imagination du lecteur et lui permet de tirer ses propres conclusions, compte tenu du dénouement de nombreuses histoires. L'inconvénient d'un format aussi propice au genre de l'horreur que la nouvelle est que, dans Sutures, il est excessivement court. Seulement huit pages environ par histoire (qui regorgent également d'illustrations d'Ito), ce qui laisse de nombreuses idées incomplètes et en manque. En matière d'histoires, nous avons un peu de tout : des légendes urbaines classiques sur les maisons hantées ou les esprits des maisons aux principes moraux sur le respect des aînés ou la curiosité tue le chat. Bien sûr, elles sont toutes différentes et chacune a quelque chose d'extraordinaire. Les dessins de Junji Ito méritent une mention spéciale. Ils sont tout simplement époustouflants par leur capacité à capturer l'anatomie avec précision, puis à représenter des spectres et des fantômes issus des recoins les plus sombres de la mythologie japonaise. De petites œuvres d'art idéales pour illustrer les textes de Kihara.