Scénario : Aurélien Ducoudray
Dessin : Anlor
Chaque été, des enfants de toute la Russie viennent en vacances au camp Poutine. Le programme comprend la vie en groupe, des activités militaires, une expérience en plein air et une formation pour devenir de vrais défenseurs de la grande Russie contre ses ennemis de tous côtés : Européens, Tchétchènes, Ukrainiens, mais surtout les armées de Daech. Pour Katjoesja, une jeune fille quelque peu mystérieuse, ce sont ses deuxièmes vacances au camp. Elle compte gagner tous les tests de compétition pour pouvoir rencontrer Vladimir Poutine en personne. Le camp est dirigé par le commandant Ryabkov, aidé par son fils Anton cette année. Anton a perdu contre Katsjoesja l'année dernière - une fille ! - et est déterminé à lui donner une leçon cette année.
Ce tome de Camp Poutine opère un changement de ton radical, une rupture complète de la dynamique du récit. Aurélien Ducoudray a tout simplement décidé de faire prendre à ce diptyque un chemin complètement différent de ce qu’il suggérait à la fin du premier tome. Il choisit de ralentir son histoire pour explorer le passé historique russe au regard de son présent, mettant en parallèle les deux époques et leurs errements respectifs (doux euphémisme). Là où le rythme s'accélérait progressivement dans le premier tome, tout ralentit dans le second laissant même de côté la conclusion pleine de promesses horrifiques de la dernière séquence. Pourtant, alors que le premier tome se voulait le reflet d’une réalité sociétale russe abrupte, ce second tome dénote avec un ton souvent cartoonesque, non pas dans les propos mais dans la manière dont la situation est abordée. La critique des régimes politiques russes successifs constitue toujours le fondement du récit, mais son traitement entre à présent en complète rupture avec l’impulsion narrative du précédent volume. Coutumier du fait Aurélien Ducoudray avait déjà procédé ainsi dans "A Coucher Dehors", dans "Les Chiens de Pripyat" et même dans "Amère Russie". Le second tome étant généralement un ton en dessous de la promesse du premier dans ces trois histoires. La mise en images d'Anlor explose sur toutes les planches avec une parfaite lisibilité de l’action. Elle parvient également à donner vie et humanité à des jeunes personnages en quête d’accomplissements et de résolutions aussi bien personnelles que scénaristiques.
VERDICT
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Pour initier les enfants aux réalités géopolitiques russes passées et présentes, Camp Poutine est une bonne pioche. Comme toujours l'émotion est à la surface du travail d'Anlor et Ducoudray, c'est leur marque de fabrique, mais le résultat est très différent du premier opus.