Avec toutes les différentes équipes travaillant sur Blake et Mortimer, il faut de temps en temps faire le tri pour déterminer où l'épisode que vous lisez doit être placé chronologiquement. Par exemple, cet album suit les deux premiers sur l'Espadon et se déroule en janvier 1948. La Seconde Guerre mondiale est terminée, les Allemands ont été vaincus. Mais, semble-t-il un petit groupe de nazis continue à s'agiter et à comploter pour nuire à l'ennemi, en l'occurrence l'Angleterre. À cette fin, ces nazis travaillent avec les résistants irlandais de l'IRA (armée républicaine irlandaise). Les deux groupes ont élaboré un plan pour viser Buckingham Palace à Londres.  Pour réussir une attaque sur ce bâtiment extrêmement sécurisé, il faut une arme spéciale. Ils pensent immédiatement au bombardier atomique super sophistiqué, l'Espadon. Les cinq derniers exemplaires sont stockés dans un bunker secret quelque part au Pakistan. Philip Mortimer a conçu l'avion et est le seul à connaître les codes de démarrage des avions. Son bon camarade Francis Blake veut que les avions rentrent en Angleterre le plus vite possible pour éviter qu'ils ne tombent entre les mains de puissances étrangères mal intentionnées. Les Irlandais et les Allemands vont donc essayer de voler l'un des cinq espadons qui restent après la guerre. Pour ce faire, ils mettent en place un vaste réseau, font appel à des parties et, bien sûr, enrôlent un maître voleur : Olrik. Le vol réussit, mais des infiltrations, des trahisons et des rebondissements inattendus font que tout se passe un peu différemment de ce qui était prévu. Néanmoins, à la fin de l'histoire, un espadon apparaît au-dessus de Buckingham Palace et parvient même à déstabiliser tout le monde ...

Le dernier espadon est une aventure à l'ancienne de Blake et Mortimer qui vous ramènera à votre jeunesse, quand vous pouviez vraiment vous intéresser à ce genre d'histoire. Avec une intrigue joliment compliquée et où, en dehors des personnages principaux, on ne peut vraiment pas faire confiance à qui que ce soit quant à son identité ou au rôle qu'il joue. Le bon vieux Jean Van Hamme a pris le relais. Avec ce nouvel album, il remet Blake et Mortimer sur les rails. Son scénario s'inscrit dans la lignée du triptyque à succès Le secret de l'espadon des années 1950. Il réussit à raconter une histoire intéressante qui se lit bien, avec beaucoup d'action et pourtant aussi beaucoup de texte. Le dessin de Berserik et Van Dongen est également très beau et très fidèle à l'univers de Jacobs. Les deux hommes dessinent chacun la moitié de l'album et il est frappant de constater que l'on peut à peine (pas ?) dire qui a dessiné quelle page. Une façon unique de travailler ! Une lecture délicieuse pour un dimanche après-midi froid et pluvieux pour les personnes de 12 à 82 ans.