Juillet 1974. Plage de Vilassar, province de Barcelone. Le corps d'un homme vient d'être retrouvé en mer, le visage totalement dévoré par les poissons. Il est impossible d'établir son identité, seul un étrange tatouage sur le dos "He nacido para revolucionar el infierno" (Je suis né pour révolutionner l'enfer) sonne comme un avertissement. Le détective Pepe Carvalho est tiré de son sommeil et des doux bras de Charo, une prostituée libérale, par l'apprentie du salon de coiffure de Queta. Son patron, Monsieur Roman désire que Pepe mène l'enquête sur le mystérieux cadavre retrouvé quelques jours auparavant et qu'il détermine qui il était et ce qu'il faisait. Un petit caprice payé 100.000 pesetas (600€ environ), plus les frais. Le cireur de chaussures Bromure, réputé savoir tout ce qui se passe dans le quartier, sera mis à contribution. En attendant, José cherche qui a pu réaliser le tatouage sur la victime, et dans cette Espagne franquiste, il demeure très peu de tatoueurs à Barcelone. Petit à petit, une piste se dégage mais la police a également débuté une enquête beaucoup plus officielle. L'investigation nous conduit aux Pays-Bas, de Rotterdam au quartier rouge d'Amsterdam.

Pepe Carvalho est un personnage de roman noir espagnol créé par Manuel Vazquez Montalban. Tatouage est le premier livre paru en France mettant en scène ce protagoniste, mais il s'agit en réalité de sa deuxième enquête (le premier étant "J'ai tué Kennedy : Ou les mémoires d'un garde du corps). Ce privé nihiliste, gourmet, grand lecteur et brûleur de livres. Le scénario a été adapté en bande dessinée par Hernan Migoya qui livre ici un script extrêmement fidèle à l'original. Dans la Barcelone des bas fonds, Pepe (diminutif de José rappelons-le) mène l'enquête et nous réjouit de ses truculentes digressions. L'ambiance est assez pesante puisque le spectre de Franco est encore bien présent, même si le régime vit ses dernier instants, tandis que de nombreux bulles permettent de suivre les pensées du héros. Côté dessin, Bartolomé Ségui nous replonge à merveille dans les années 1970 avec une certaine exubérance (tant vestimentaire que visuel) alors que le personnage de Pepe Carvalho se présente comme le digne successeur des privés américains, froid et doux à la fois, cynique et mélancolique, mais aussi déterminé à accomplir son enquête jusqu'au bout. Le trait gras s'accompagne de couleurs bien dosées et qui retranscrivent à merveille la situation rencontrée.