Réalisé par Quentin Dupieux.
Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet...
Le cinéma de Quentin Dupieux est un formidable plaidoyer pour la liberté de la création. Si la comédie populaire nous lasse de plus en plus, Le Daim tranche avec un rafraîchissement de premier ordre, en rappelant qu’il faut avoir cotisé mentalement avec Quentin Dupieux, sous peine de perdre pied. Le réalisateur maîtrise avec toujours autant de subtilité la mise en abîme et l'humour noir. En filmant l'histoire d'une veste en daim, il revient à ses premières amours et filme ce que personne ne filme. Il parvient paradoxalement à rendre crédible ce récit improbable. Le film fait tout autant penser aux grandes heures de Bertrand Blier qu'au théâtre de l'absurde de Ionesco ou Beckett. Ce Daim se veut clairement une déclaration d’amour, voire une introspection, à la démarche auteuriste dont Dupieux se réclame. Difficile d’ailleurs de ne pas voir en ce personnage incarné par Jean Dujardin une sorte de transposition du personnage qu’incarne Dupieux en dehors des plateaux de tournage. Le Daim fait monter la tension de crescendo en crescendo, en allant au cauchemar dans un final très surprenante. Jean Dujardin prouve qu'il peut devenir un acteur juste, inquiétant et inattendu dans ses faits. Il ne va pas incarner la folie à l'américaine mais le plus normalement possible, en le rendant très terrien et concret. Adèle Haenel livre aussi une prestation excellente tout en simplicité et naturel. Les petits rôles qui viennent se greffer renforcent la folie.
VERDICT
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Quentin Dupieux réalise une sorte de western pyrénéen comique qui vire au film de serial killer en poussant son concept suédé jusqu'au bout. Drame, comédie noire, thriller, horreur, on sait jamais sur quel pied danser mais une chose est sûre, Dupieux n'a jamais aussi bien filmer la folie.