Texas, 1979 : Le propriétaire d'un club de strip-tease; Wayne (Martin Henderson), a de grands projets. Avec l'aspirant réalisateur RJ (Owen Campbell), il veut se lancer dans le commerce du porno et engranger de gros bénéfices. Pendant un week-end, ils veulent tourner un film sexuel artistiquement ambitieux dans une cabane louée dans une ferme au bord d'un lac. Les strip-teaseuses de Wayne, Maxine (Mia Goth) et Bobby-Lynne (Brittany Snow), ainsi que le bien monté Jackson (Kid Cudi), devraient jouer les rôles principaux. En plus de la réalisation, RJ s'occupe de la caméra, tandis que la fade Lorraine (Jenna Ortega) se charge du son. Mais la petite équipe de tournage a fait ses comptes sans ses propriétaires. Lorsque Howard (Stephen Ure) et Pearl (également Mia Goth), un couple de vieux briscards qui possèdent la cabane et le vaste terrain qui l'entoure, ont vent du tournage, le week-end devient incontrôlable.

Ce n'est pas facile d'être réalisateur de films d'horreur. Tout a déjà été fait, tout a déjà été vu ailleurs par un public averti. Il est difficile de créer quelque chose de vraiment nouveau. Et quand les choses tournent mal, l'horreur sérieuse devient très vite involontairement comique. Ti West ("The House of the Devil", "The Inkeepers") emprunte une voie médiane intéressante dans son nouveau film d'horreur. Son film rend hommage aux autres, mais n'est ni une copie bon marché ni un pur hommage. Tout dans "X" semble étrangement familier, car West intègre tant de morceaux de l'histoire du cinéma (d'horreur) - de "Fenêtre sur cour" (1954) et "Psychose" (1960) d'Alfred Hitchcock à "Shining" (1980) de Stanley Kubrick, en passant par "Massacre à la tronçonneuse" (1974) et "Le crocodile de la mort" (1976) de Tobe Hooper, pour ne citer que les plus évidents - que l'on perd rapidement le fil en regardant le film. Et pourtant, son film fonctionne à merveille, parce que West ne fait pas peser sur son public toutes les allusions, mais surtout parce que son film est compréhensible même sans les connaître. Tout simplement parce que West n'oublie pas de raconter sa propre histoire à travers toute cette nostalgie. Et que pourrait-on philosopher sur cette histoire bizarre ? Le simple fait de voir Mia Goth dans un double rôle, de la voir jouer à la fois la Final Girl et la méchante, d'incarner une jeunesse envoûtante et une vieillesse flétrie qui entament une liaison érotico-morbide, fait battre le cœur de tout freudien. Dans le film de West, tout a un double et un triple fond. Le titre du film est déjà doublement connoté. En anglais, la lettre X se prononce comme "axe", le mot pour hache. Le X ne fait pas seulement allusion à une arme du crime volontiers utilisée dans les films d'horreur, mais aussi à la classification par âge la plus élevée des films, qui a existé aux États-Unis jusqu'en 1990 et qui, après le succès au box-office de "Gorge profonde" de Gerard Damiano (1972), a surtout été imposée aux films pornographiques comme le sien. Entre-temps, la classification X a été remplacée par la classification NC-17. Par conséquent, le nouveau film de Ti West ne peut plus être classé X du tout. Ironiquement, malgré toute la nudité du film, il a été classé R aux Etats-Unis (ce qui signifie que les jeunes de moins de 17 ans ne peuvent le voir qu'en compagnie d'un adulte). Le réalisateur explique clairement que dans "X", on ne verra pas seulement de la peau nue, mais aussi du sang et des crânes éclatés, grâce à de nombreuses anticipations joliment utilisées. Ceux qui les ignorent n'ont qu'à tendre l'oreille. Car le fait que le film change de direction à mi-parcours est un sujet de conversation entre les personnages. Parmi tous les films d'horreur qui regorgent de références et de méta-niveaux, "X" est un mélange passionnant : à la fois humoristique et horrifique, esthétique et repoussant. Un film qui dégage une atmosphère étrange et bizarre.