A l'été 2017, après une séparation et la perte de ses parents, Paul décide de partir en vacances une semaine sur une petite île du Québec. Ou plutôt, l’auteur de BD quinquagénaire se fait embarquer par Rose sa fille de 23 ans bien décidée à profiter de ce séjour pour sortir son père de sa léthargie. Loins de la ville, ils vont profiter de cette parenthèse dans la nature pour se reconnecter entre eux et avec eux-mêmes. Les souvenirs, parfois douloureux, vont revenir mais bientôt la lumière passera au travers pour Paul, même de la plus petites des fissures.

On retrouve avec plaisir le personnage de Paul, double autofictif de Michel Rabagliati, ou bien on le découvre car on peut lire ses livres dans l’ordre qu’on veut. C’est toujours très personnel mais jamais impudique. Rabagliati sait avec talent faire de l’universel avec l’intime. Dans la forme, Michel Rabagliati l’annonce dès la préface : « Pourquoi un livre illustré plutôt qu’une bande dessinée ? La forme s’est imposée par elle-même. […] Il m’a tout à coup semblé incongru de découper en cases et en strips la majesté sauvage de cette île . ». C’est donc un livre illustré qui s’affranchit des codes et des limites. Pas de gaufrier ni de découpage classique, et si les dialogues prennent parfois une forme de bande dessinée, ils sont simplement soulignés par une base de bulle et non complètement encerclés. Ce livre illustré donc ressemble autant à un livre jeunesse qu’à une bande dessinée, un carnet de croquis, un journal intime ou un carnet de voyage. Le dessin aussi se veut libre et passe volontiers du rapide croquis minimaliste au dessin plus détaillé, de l’illustration pleine page à la double page en passant par la vignette. On y retrouve le trait souple, délicat et sensible de Michel Rabagliati, qui combine avec finesse minimalisme et sens du détail.