Depuis quelques temps, une des îles de la lagune de Venise, l'île Noire (ça ne s'invente pas), est plongée dans l'obscurité.  De mystérieux gondoliers habitent encore les lieux et se déplacent dans tout Venise pour préléver l'impôt - ou plutôt rançonner les habitants - sinon ils feront exploser des kamikazes dans la cité des doges. Et les "bombes D" qu'ils emportent ont de quoi surprendre par leurs effets : Distorsion, Dispersion, Démence et Dévoration. Renzo est un ancien pianiste de talent qui a perdu une main lors d'un attentat. Depuis, il cherche à se venger et a réuni autour de lui quatre femmes qui ont aussi été victimes de bombes D. Quatre Louves qui tirent leur surnom de leurs masques lupins de carnaval (voir la couverture). Renzo et ses Louves cherchent à tout prix à se rendre sur l'île Noire pour accomplir leur vengeance, mais ils ne sont pas encore à l'abri de leur surprise ...

L'auteure Aurélie Wellenstein revient une fois de plus à la BD avec une histoire de syndrome post-traumatique dans une Venise fantastique. Et l'île Noire est encore plus inquiétante que celle rencontrée dans Tintin. Le récit surnaturel est avant tout une métaphore sur les attentats et la résilience qu'il faut avoir pour continuer à vivre. Renzo et sa « meute » puisent en leurs traumatismes la force d’avancer. La magie de Venise sert de théâtre à d'horribles événéments.  Le dessin d'Emanuele Constarini, dont il s'agit du premier album de BD complet, nous plonge dans une ville reprenant les apparats classiques de l'Italie de la Renaissance auquels s'additionnnent la noirceur des effets des bombes dont les traces sont perceptibles, tant sur l'architecture que sur les victimes. Un spectacle magnifique dans un cadre grandiose. Bien sur, il s'agit d'une aventure finie en un tome, mais qui sait, peut être que l'univers s'étendra par la suite ?