Bâtiment 5
Plate-forme : Blu-Ray
Date de sortie : 17 Avril 2024
Résumé | Test Complet | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
film
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


7/10

Réalisé par Ladj Ly.

Quand on pense à Paris, on pense souvent aux promenades romantiques le long de la Seine, aux découvertes culturelles au musée d'Orsay, à Notre Dame et au Louvre et aux délices culinaires dans l'un des nombreux bistrots chaleureux de Montmartre. Bien sûr avec un bon verre de vin. Mais c'est le Paris des contes de fées. Le vrai Paris est brut, rude et turbulent. Une cocotte minute multiculturelle où des gens du monde entier tentent de se construire une vie dans les banlieues bétonnées de Saint-Denis, Clichy-sous-bois, Montfermeil et Epinay-sur-Seine (et bien d'autres). Montfermeil, c'est aussi le quartier où a grandi le réalisateur Ladj Ly. Ly, l'enfant de parents maliens, a vécu de près les émeutes qui ont incendié Paris – puis la France entière – en 2005. Les jeunes, comme lui souvent d’ascendance africaine, ont protesté contre les inégalités socio-économiques. Ly a filmé les émeutes pour montrer l'histoire des émeutiers. Un cinéaste est né. Vingt ans plus tard, les banlieues sont toujours un sujet enrichissant. Car après son premier film "Les misérables", salué par la critique en 2017, son deuxième long métrage "Bâtiment 5" (2023) raconte également la vie dans la banlieue parisienne animée. Après tout, on peut sortir l’homme de la banlieue, mais jamais la banlieue hors de l’homme. Au centre du film se trouve un immeuble délabré décrit par l'un des personnages comme « une favela de dix étages ». Le Paris de la Tour Eiffel, du Louvre et de l'Arc de Triomphe est loin. "Ce n'est pas comme ça que j'imaginais la France", soupire la Syrienne Tania (Judy Al Rashi). Montfermeil – et de nombreux quartiers et banlieues similaires – sont abandonnés par le gouvernement depuis des décennies. Dans le bâtiment 5, la lumière et l'électricité ne fonctionnent pas la plupart du temps, sans parler de l'ascenseur. Le jeune Hany Keita (Anta Diaw) rêve de nouvelles maisons plus spacieuses et s'y engage activement. Les jours où elle ne travaille pas à la mairie, elle aide ses voisins à remplir des formulaires et envoie des lettres demandant au gouvernement de rénover les maisons. Lorsque le maire décède subitement, l'ambitieux pédiatre Pierre Forges (Alexis Manenti) est choisi pour lui succéder (temporairement). Il était autrefois idéaliste de nature, mais le pouvoir s'avère bientôt le corrompre lui aussi. Alors qu’Haby espère au départ une vie meilleure, son rêve s’effondre rapidement. Pierre semble s'intéresser peu aux habitants des immeubles et a jeté son dévolu sur de nombreux projets de prestige lucratifs auxquels les immeubles anciens doivent céder la place.

Alors que "Les misérables", le film qui a valu à Ly le prix du jury à Cannes et une nomination à l'Oscar du meilleur film international, se concentrait sur les tensions croissantes entre les bandes de jeunes des banlieues et la cellule anticriminalité parisienne, "Bâtiment 5" en fait montre ce qui précède ces émeutes. Comment les tensions mutuelles peuvent-elles s’accroître à tel point que les choses peuvent devenir incontrôlables ? D’où vient toute cette frustration ? Malgré les différences, les films présentent également de nombreuses similitudes. Non seulement le lieu et le fait que Ly parvient à rester si proche de la réalité lorsqu'il raconte son histoire fictive, mais aussi l'énergie vibrante et brute des « Misérables » se reflète ici. On remarque clairement que Ly s'implique personnellement dans le bien-être de ses personnages, qu'il se sent comme l'un d'entre eux. Chez Haby, vous voyez sa propre combativité et sa résilience ; à mesure que le film avance, son pouvoir grandit. Il souligne que c'est grâce à des femmes comme elle que les choses ont changé ces dernières années. "Je voulais rendre hommage à l'engagement qu'ils ont toujours eu." Dans les scènes dans lesquelles Haby affronte l’establishment, on sent avec quelle habileté Ly fait monter la tension. La caméra de Julien Poupard se rapproche du visage de Diaw et laisse son regard en dire long : cette femme est sérieuse. Ly n'est pas toujours subtil lorsqu'il fait valoir son point de vue ; les politiciens en particulier sont dépeints comme des méchants d’une manière plutôt unidimensionnelle. Mais on peut lui pardonner, car c'est un film qui ne perd pas forcément de pouvoir, mais qui en gagne plutôt, grâce à son implication personnelle. "Bâtiment 5" est beaucoup plus plein d'espoir que son prédécesseur, ce qui est dû principalement aux personnages puissants d'Haby. Son combat est beaucoup moins physique et agressif que celui des hommes du premier film de Ly et elle conserve admirablement la foi et la confiance nécessaires pour apporter des changements à travers le chemin progressif de la politique. Même si elle se heurte à un mur de corruption et de cynisme.

VERDICT

-

L'impact qu'a eu « Les misérables » (vous vous souvenez de l'accord final intense ?) n'est pas reflété dans Bâtiment 5. Mais Ladj Ly regarde vers l'avenir dans ce film et cela donne du courage dans une époque de désespoir et de troubles.

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