Scénario : Philippe Thirault
Dessin : Jorge Miguel
Berlin, 1938. Les nouvelles lois rendent très difficile pour les Juifs l'exercice de leur profession ou la conservation de leurs biens. Des hommes méchants et avides de pouvoir donnent à cette discrimination un visage violent. Bernhard a travaillé comme assistant réalisateur dans un studio de cinéma qui réalise désormais de purs films de propagande pour l'empire nazi. Après huit ans, Bernhard a dû passer à autre chose. Bernhard est Juif. Sa petite amie Illo est scénariste de cinéma et ne travaille plus. Bernhard essaie de vendre son dernier script au studio, mais c'est un effort vain. Plus tard, dans la rue, il voit Sturmabteilung (l'organisation paramilitaire du parti politique d'Adolf Hitler), battant un rabbin dont les parchemins et la synagogue sont incendiés. Bernhard intervient et partage les coups, mais il peut s'échapper sans que les choses n'empirent pour lui. Pendant ce temps, Illo et son père se trouvent dans une situation difficile. Cela ne peut pas continuer comme ça, ils veulent tous quitter le pays. Ils ont déjà eu l'occasion de fuir vers l'Amérique et se sont jetés à l'eau. Une nouvelle option est Shanghai, où il existe également une industrie cinématographique. Avec leurs derniers moyens et en faisant appel à leurs homologues, Bernhard, Illo et son père parviennent à réserver des billets pour la longue traversée. Mais rien ne se passe comme prévu.
Le contenu de cet album, la première partie d'un diptyque, questionne beaucoup le lecteur. Vous regardez des faits historiques sans pouvoir intervenir. Il n'a pas encore été dit si vous auriez alors osé intervenir. Les situations sont présentées comme étants noirs ou blancs, il n'y a pas grand-chose à mettre en perspective sur le côté sombre des extrémistes de l'époque (ou d'aujourd'hui) où presque tout un peuple était en folie, parce que les gens suivaient la loi, même si elle était mauvaise. Bernhard et Illo vivent les pires situations ensemble et séparés l'un de l'autre. Les choses ne vont pas beaucoup mieux à Shanghai, car là, les Japonais occupent le pays avec des déclarations tout aussi racistes et un comportement moralement abject. Il reste à voir si Philippe Thirault sera en mesure de nous offrir une lueur d'espoir dans la deuxième partie finale. L'artiste portugais Jorge Miguel (Orion) dépeint tout cela avec un réalisme qui n'est pas si lourd. Les expressions sont correctes sans exagération ni clichés.
VERDICT
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Une excellente première partie, même si nous aurions préféré que ce chapitre ennuyeux de l'histoire ne se produise jamais et ne doive donc jamais être raconté. Le monde a regardé les événements de 1938 et n'a rien fait ...