Résumé : "Univers! "est une série d'histoires de science-fiction, indépendantes, délicieusement drôles, et connectées entre elles. On retrouve pèle-mêle un dirigeant d'entreprise mégalomane qui a inventé une machine à remonter le temps et qui se décide à breveter l'univers entier depuis sa création, des voyages vers des planètes lointaines à la recherche d'autres espèces intelligentes, des désynchronisations temporaires, des robots qui nous aiment un peu trop, des insectes anthropomorphes, etc. Albert Monteys laisse libre court à ses fantasmes et à ses peurs pour nous conter ces fables, irradiant de mille couleurs, résolument optimistes tout en étant fondamentalement inquiétantes.

Les différents récits mitonnés par Albert Monteys entrent en résonance les uns avec les autres, offrant une certaine continuité narrative : tous se déroulent dans un même univers cohérent. Curieusement les récits de ce monde rappellent quelques-unes des trames secondaires (en plus avancées) de l’excellente série télévisuelle britannique "Years and Years" avec une logique poussée à l'extrême pour ce type de situations. L’album évoque ainsi pêle-mêle les amours cyber et robotiques, les manipulations génétiques, la colonisation, le handicap, les intelligences artificielles pas si artificielles, etc., le tout présenté comme monnaie courante, normal, routinier. Ce mélange thématique donne des histoires courtes, souvent douce amères quand elles ne sont pas désespérées. La dernière probablement la plus émouvante, concerne un paradoxe spatio-temporel bizarre traité avec beaucoup d’originalité et de pudeur compte-tenu de la situation. Elle demeure de loin la plus intéressante et mériterait une adaptation cinématographique. Le principe de la nouvelle science-fictionnelle dessinée évoque évidemment les excellentes histoires du taxi de l’espace (SpaceCabby, matricule 7433) parues dans des publications mensuelles en noir et blanc. Dans ces petites publications coexistaient tout plein de nouvelles de science-fiction souvent géniales adaptées en dessins de (futurs) grands auteurs. Toutes reposaient sur un ressort narratif final surprenant.  Le dessin d’Albert Monteys confirme s’il en était encore besoin la qualité graphique des auteurs espagnols. Le point faible de l’album, outre un incompréhensible format à l’italienne, reste une colorimétrie beaucoup trop tranchée aux yeux myopes du lecteur vieillissant. Un furieux manque de nuances, comme si elles émanaient de ces années passées.