En 1942, les Alliés ont décidé qu'il était temps de porter la guerre en Allemagne même. Ils voulaient mettre les Allemands à genoux avec de grands bombardements stratégiques. Le maréchal de l'air britannique Arthur (Bomber) Harris reçoit carte blanche pour bombarder les grandes villes allemandes de Cologne, Hambourg, Dresde et Berlin, avec les Américains. Ces bombardements ont été effectués par des milliers de bombardiers. Des dizaines de milliers de civils ont perdu la vie, mais les bombardements n'ont guère eu d'autres résultats. L'Allemagne devra être vaincue d'une autre manière. Quelques mois plus tard, de nouveaux pilotes arrivent sur une base de l'armée de l'air britannique pour le Bristol Beaufighter Mk VI. Ils viennent des escadrilles de Lancaster pour piloter ces chasseurs de nuit, prêts à être déployés comme chasseurs-bombardiers, navires d'attaque ou attaques au sol. Les missions se succèdent et deviennent de plus en plus dangereuses. Mais le but ultime des pilotes est de piloter un Mosquito, et pour cela ils doivent d'abord survivre à tout ça...

Le scénariste Philippe Pinard n'est pas étranger au genre de l'aviation et avec Inferno, il a entraîné immédiatement le lecteur dans la folie de la guerre. Les bombardements nocturnes, le danger des tirs anti-aériens et les chasseurs de nuit allemands ont un impact sur l'état mental de l'équipage. En outre, les Lancaster britanniques sont des cercueils primitifs et encombrants par rapport aux normes modernes. Dans ce deuxième tome, le dessinateur Antoine Crespin signe également l'intrigue. Le choix de raconter cette histoire dans un one-shot a des conséquences. Ceux qui espèrent une histoire profonde sur la camaraderie et les intrigues au sein de l'équipage d'un bombardier seront déçus. Inferno est plutôt une courte leçon d'histoire qui nous donne un aperçu de la folie des bombardements stratégiques dans la Manche et dans la Mer du Nord, un instantané dans le temps. Mais un qui a une mission. Le lecteur dispose de suffisamment d'informations de base pour avoir une vue d'ensemble et pouvoir juger du sens et de l'absurdité des bombardements, qui étaient déjà controversés à l'époque. Côté dessin, les planches dépeignent des personnages plutôt inexpressifs. Ceci est particulièrement visible dans les scènes de la base aérienne. C'est une autre histoire lorsque l'auteur donne vie aux scènes aériennes. Ces dernières années, certains artistes ont porté la bande dessinée d'aviation à un autre niveau de réalisme. Romain Hugault et Thomas Du Caju (entre autres) ont modernisé le travail de dessin en utilisant au mieux les techniques et les effets de coloration modernes. Antoine Crespin a bien fait ses devoirs à cet égard. De beaux avions en action, des couleurs atmosphériques et une intégration réaliste des conditions météorologiques font pencher la balance du côté positif. Lorsque le Lancaster vole à basse altitude, le lecteur ressent la tension. Ici, Crespin réussit à nous faire tomber à la renverse.