L'enfer en bouteille
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 18 Janvier 2023
Résumé | Test Complet | Images | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
Bande dessinée
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario et dessin : Suehiro Maruo

L'enfer en bouteille (Binzume no Jigoku) est un manga unitaire publiée au Japon aux éditions Enterbrain. Il s'agit d'un recueil de quatre nouvelles adaptées par le mangaka, maître du genre érotico-grotesque, Maruo Suehiro. "L'enfer en bouteille" est la première histoire que nous rencontrons dans ce volume et est une adaptation, sous forme de manga, de la nouvelle du même nom de Yumeno Kyusaku, publiée pour la première fois en 1928 dans le magazine Ryoki, et considérée comme l'une de ses meilleures histoires. C'est l'histoire de deux frères et sœurs, un garçon et une fille, qui, à la suite d'un naufrage, se retrouvent sur une île déserte. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les deux personnages parviennent à en faire une oasis de bonheur et à vivre en harmonie l'un avec l'autre et avec la nature. Jusqu'à ce qu'ils commencent à grandir et que le "diable", le péché, commence à s'insinuer parmi eux, marquant inexorablement leur destin. "La tentation de Saint Antoine" est la deuxième histoire que nous rencontrons dans ce manga, inspirée de La vie de saint Antoine, une œuvre écrite par l'évêque Athanase d'Alexandrie au IVe siècle. Dans cette version de Maruo Suehiro, c'est un moine qui est mis à l'épreuve par les tentations de la vie charnelle et terrestre. Il s'agit d'une courte histoire qui montre la force d'âme dont doit faire preuve un moine pour surmonter les tentations de son sexe. "Kogane-Mochi" est la troisième histoire du livre et est le titre d'une célèbre œuvre de raguko, un genre théâtral japonais, dans lequel un acteur récite un monologue comique, appartenant au genre plus large des histoires sentimentales. L'histoire originale a été écrite par San'yutei Enchô et raconte l'histoire d'un homme obsédé par l'argent. Maruo Suehiro parvient, par ses dessins et son adaptation, à recréer l'humour noir déjà présent dans l'histoire originale. L'obsession du dieu de l'argent pousse le protagoniste et les autres personnages de l'histoire à accomplir des actes vraiment impitoyables. Enfin, "Pauvre soeur" est la dernière histoire que nous trouvons dans le manga et raconte le sacrifice d'une sœur aînée qui, en se prostituant, tente de garder libre son jeune frère, qui souffre d'un syndrome particulier, et de le sauver d'un père qui veut le vendre à la foire aux monstres.

L'enfer en bouteille revient en France dans une toute nouvelle édition près de neuf ans après sa précédente parution chez Sakka. Ces histoires sont considérées comme le sommet artistique du maître du genre érotico-grotesque, qui rend un hommage personnel à la littérature et au théâtre classiques japonais. Les thèmes représentés sont ceux qui sont les plus chers au mangaka : le péché et la rédemption, la méchanceté et l'innocence, l'enfer et le paradis. Toutes les histoires abordent les grands thèmes du sexe et de l'argent, avec des dessins explicites et violents. L'enfer en bouteille est un aller simple pour l'enfer. Pendant la lecture, nous avons senti une anxiété croissante nous saisir. Le choix de l'ordre de lecture est un point culminant qui vous saisit page après page. La scène finale est un coup de poing dans l'estomac. Face à une œuvre comme L'enfer en bouteille de Maruo Suehiro, il est nécessaire de mettre immédiatement en lumière le fait qu'il s'agit d'une œuvre qui peut être entièrement attribuée au célèbre genre japonais du ero-guro, un phénomène social, littéraire et artistique qui est né dans les années 30, mais qui est encore aujourd'hui très répandu sur le marché national, notamment sous la forme de mangas. Les œuvres attribuables à ce genre combinent l'érotisme avec des éléments grotesques, macabres et déviants, faisant allusion au fait que de nombreuses personnes cultivent secrètement des pensées terriblement perverses. Le mouvement est hautement provocateur, car une grande partie de la société japonaise est constituée d'une sexualité frustrée et réprimée, essentiellement masculine, appelée à laisser libre cours à son imagination de la manière la plus terrible qui soit. Ce n'est pas un hasard si le point de vue de ces histoires sexualise souvent la femme, en fait. La tradition artistique japonaise a souvent emprunté deux voies totalement opposées : celle d'une élégance presque artefactuelle et celle d'une violence absurde et sans retenue. L'ero-guro voyage sur le second morceau mentionné, et l'enfer en bouteille est souvent méchant, dérangeant, violent et certainement pas pour tout le monde, se posant comme un parfait représentant du genre. D'un point de vue technique, chaque dessin vous saute aux yeux parce qu'il est composé de détails effrayants et d'expressions/caractéristiques physiques exagérées, dérangeantes et bizarres, comme si chaque panneau était une petite peinture de genre en noir et blanc. L'influence de l'art japonais ancien est évidente.

VERDICT

-

Les différentes histoires sont presque comme des petits contes de fées qui attendent la dernière page (et au-delà) pour révéler une mauvaise " morale ". L'enfer en bouteille est une pièce incontournable dans la collection des fans de l'extrême, du macabre et du pervers, surtout ceux qui sont capables de trouver de l'humour dans ces histoires bizarres !

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