Une histoire de vengeance.

Children of the Sun, le premier titre de René Rother édité par Devolver Digital, se présente comme un mélange entre FPS et jeu de réflexion. Généralement, ces deux mondes sont difficiles à proposer des intrigues intéressantes et si Children of the Sun n'a pas d'intrigue particulièrement détaillée, le contexte dans lequel se situe le titre est super intéressant. Dans Children of the Sun, nous jouons le rôle d'une fille, ou plutôt de LA FILLE, la fille de deux adeptes d'une secte, une de celles qui sont si en vogue aux États-Unis. Le jeu s'ouvre sur une vidéo d'animation qui montre le père de la jeune fille se suicidant d'un coup de fusil dans la bouche et le protagoniste retrouvant son corps. Le père s'est suicidé à cause de la secte et il ne nous reste plus qu'une chose : la vengeance. Nous n’avons désormais qu’un seul objectif dans la vie : éliminer tous les membres de la secte afin d’éliminer son messie charismatique ( et aussi assez stéréotypé ). La Fille récupère le fusil de son père et décide que ce sera avec cette arme qu'elle mettra fin à la secte et à ses adeptes et, en même temps, elle découvrira qu'elle possède aussi un pouvoir spécial, une caractéristique unique. C'est ce que le titre propose au joueur en termes d'intrigue et qui, niveau après niveau, s'actualise avec des "morceaux" d'histoire qui se rejoignent jusqu'à l'épilogue final. Le secteur narratif aurait certainement pu être mieux et davantage exploité mais il faut rappeler que Children of the Sun est l'œuvre d'un développeur solitaire,  René Rother , un développeur qui aura dû faire des choix et qui a choisi de donner plus de pertinence et de poids au secteur du gameplay par rapport à celui narratif.

Nous avons dit le but du jeu, éliminer tous les membres de la secte jusqu'à son apogée et, pour ce faire, nous pouvons compter sur notre fidèle fusil, sur une seule balle et sur notre capacité spéciale : celle de pouvoir usurper l'identité de la balle et la diriger vers le prochain ennemi (à condition que cela soit visible). Le gameplay de Children of the Sun est basé sur cette mécanique : il n'y a pas de power-ups, il n'y a pas d'armes alternatives et il n'y a pas de mécaniques secrètes ou quoi que ce soit d'autre : la recette est aussi simple que réussie et amusante. D'une certaine manière, Children of the Sun nous a rappelé Superhot précisément en raison de la "pureté" de son gameplay et de ses mécanismes de jeu. L'objectif de chaque niveau est d'éliminer, dans les plus brefs délais, tous ( tous, sans exception) les adeptes de la secte présents et nous devrons faire tout cela en utilisant une seule balle. La Fille peut alors se déplacer dans l'environnement de jeu, commencer à marquer les adversaires (via le contrôleur) et, une fois que tous les adversaires ont été marqués et que la position à partir de laquelle tirer le coup unique a été décidée, tirer le projectile. Si vous ratez la cible, la partie est définitivement terminée, que ce soit le premier adversaire ou le dernier. Une fois qu'un ennemi (ou un objet interactif ou un animal) aura été touché, la vue passera à la "première personne" sur les projectiles et on pourra le diriger vers la cible suivante et ainsi de suite jusqu'à avoir exterminé tous les hommes présents dans le niveau. Une fois le niveau terminé, le titre montrera au joueur, comme s'il s'agissait d'une sorte de constellation, le "chemin" tracé par la balle, le temps pris, les éventuels bonus et notre position dans le classement mondial. Ce système introduit une grande composante de rejouabilité dans le jeu puisqu'il n'y a pas une seule façon de terminer le niveau et obtenir un score plus élevé est une forte incitation à rejouer le titre. Évidemment, le titre se joue comme un FPS, avec une vue à la première personne mais il est équipé principalement de mécanismes de jeu de réflexion car pour planifier la trajectoire de la balle, vous devrez nécessairement réfléchir à la meilleure dynamique et étudier le monde du jeu en profitant de tout « rebond » (comme des animaux ou des objets) à votre bénéfice.

Une réalisation à la hauteur ?

La direction artistique est excellente , conférant à Children of the Sun une esthétique unique et raffinée, simple dans l'ensemble mais sacrément originale et charismatique. L'utilisation de couleurs acides et beaucoup de clichés empruntés à l'idée typique d'un culte font de Children of the Sun un beau produit à regarder et surtout à expérimenter. Si vous recherchez un titre avec des millions de détails et des graphismes époustouflants, vous ne serez guère satisfait, mais si vous avez plutôt le sens de l'art, vous serez enchanté par le titre (et aussi par les tableaux animés qui sont intercalés entre les niveaux ). Le système de contrôle est excellent, précis et réactif au bon endroit. Si par hasard vous n'êtes pas trop satisfait du degré de sensibilité du levier du contrôleur, vous pouvez toujours le configurer à votre guise à partir du menu de configuration très limité. Rien de particulier à signaler sur le plan technique : Children of the Sun fonctionne parfaitement et sans problème sur des configuration modestes, donnant une excellente apparence. Le moteur de jeu est léger et lors de nos parties nous n'avons jamais rencontré de problèmes ou de bugs particuliers. Pour faire simple, il n'est pas nécessaire d'avoir un PC avec une carte graphique sur-pompée pour pouvoir profiter de cette petite perle et cela aussi nous a semblé être un point en faveur de la production. Le secteur audio n'a pas grand chose à dire sauf qu'il fait bien ce qui fait son travail, c'est-à-dire nous plonger dans le monde du jeu et il le fait avec une bande-son à peine évoquée et une série d'effets sonores parfaitement calibrés et cohérents.