Max, gentleman cambrioleur, gigolo et danseur de tango, va voir sa vie bouleversée par sa rencontre, sur un air de tango, avec la séduisante et mystérieuse Mecha, riche épouse d'un compositeur de musique, femme fatale tout droit sortie d'un film noir des années 1930. Un jeu pervers, celui du désir et du mensonge, va s'installer entre eux dès leur première rencontre, le temps d'un tango vertigineux. 1928, 1937, 1966 : le destin du ruffian gominé et de la femme fatale sophistiquée ne se croisera que trois fois, sur de courtes périodes. A Buenos Aires, A Nice, sur fond de guerre d'Espagne, dans la baie de Naples, au cours d'une partie d'échecs, symbole de la guerre froide. Cette nouvelle série de bande dessinée s'inspire d'un personnage de roman créé par Arturo Perez-Reverte. Elle permet de replonger dans la jeunesse de Max, puisque l'intrigue débute à Barcelone en 1921, où encore jeune danseur, il rêve d'une vie plus excitante.

Quelques années auparavant, Max travaillait comme groom à l'Hôtel Ritz, et divertissait les clientes en manque d'affection, tout en sortant avec Nela (la fille de son professeur de danse). Son don d'acrobate le fait remarquer par Ferran Fontana, fils du plus grand mafioso de la cité catalane. Il lui propose un unique travail, mais terriblement payant. Rien ne se déroulera vraiment comme prévu et, Max devra fuir en s'engageant dans la Légion et s'embarquer dans la guerre du Rif. Flamboyance et mélancolie se mêlent dans un récit d'aventures époustouflant, agencé de manière diabolique, les époques se répondant sans cesse. Au-delà de ses péripéties, la BD de Rubio se réapproprie les codes du roman, et c'est tout l'art de cet auteur qui sait mêler habilement roman d'espionnage et roman sentimental, romantisme et érotisme, avec un arrière plan historique. Perez-Reverte sait comme personne restituer la vie cosmopolite de ces riches oisifs, élégants, nonchalants, d'une exquise politesse à peine entachée d'un glacial mépris pour ceux qui n'appartiennent pas à leur caste. Le dessin de Rubén Del Rincon est quant à lui toujours aussi réussi, présentant un trait souple et élégant. A noter que le récit est accompagné en fin d’album d’un petit cahier historique explicatif signés des deux auteurs.