Paris, 1904. Bidegain, le secrétaire du Grand Orient de France, se fait voler sa sacoche au symbole des francs-maçons, par une pickpocket qui sévit sur le parvis de la tour Eiffel. L’affaire est grave, car des fiches sur des officiers supérieurs de l’armée se trouvaient à l’intérieur. Pour les retrouver, Bidegain s'adresse à l’inspecteur Jules Dormoy, qui part en chasse sans savoir que des menaces pèsent sur le gouvernement d’Émile Loubet, le président de la République. Alors que son enquête le mène sur les traces d’un véritable complot, l’inspecteur devient la nouvelle proie de la pickpocket.

Prenant le prétexte d’un récit policier linéaire au charme suranné, Jack Manini et Hervé Richez s’amusent à montrer comment la petite Histoire (des incidents souvent insignifiants) peut parfois déboucher sur des événements particulièrement significatifs sur la grande. Voire les influer. En l’occurrence, l’un des nombreux épisodes peu glorieux de la IIIème République, aujourd’hui un peu tombé dans l’oubli, tant l’innovation ignominieuse a depuis su se démultiplier et se diversifier jusqu'à se montrer quasi infinie. Le récit en tant que tel, bien que totalement indépendant, s’inscrit intégralement dans l’univers présenté dans Le Canonnier de la Tour Eiffel. Quelques nouveaux personnages côtoient désormais ceux qui y ont précédemment été introduits, pour faire ici de la figuration active et intelligente. Le dessin semi-réaliste de David Ratte apaise la gravité d’un scénario qui se densifie à mesure qu’il progresse. Il parvient ainsi, avec subtilité, à mettre en évidence les aspects humains les plus crapoteux dissimulés par une trame qui se présente, au premier abord, comme une bluette policière. Une sympathique série d'histoires complètes qui vient de se complexifier et se densifier avec réussite.