"Je te vengerai, père. Je te sauverai, mère. Je te tuerai, Fjölnir". C'est ce que le prince viking Amleth (Alexander Skarsgård) s'est juré de faire dès son plus jeune âge, lorsqu'il a vu son père, le roi Horwendil (Ethan Hawke), être brutalement et lâchement tué par son propre frère, Fjölnir (Claes Bang), lors d'une embuscade. Fjölnir et ses hommes ont capturé la mère d'Amleth (Nicole Kidman), Amleth lui-même a réussi à s'échapper et a échappé de peu à la mort. Des années plus tard : poussé par sa vengeance, le fils prodigue revient dans son ancienne patrie en homme fort, mais déchiré intérieurement. Il veut enfin se venger de son oncle. Il reçoit l'aide inattendue d'Olga (Anya Taylor-Joy), une esclave en qui Amleth trouve un grand amour. Mais cet amour résistera-t-il à la lutte qui s'annonce ?

Les histoires d'aventure et les légendes vikings ont actuellement le vent en poupe, notamment grâce au succès de la série "Vikings" et de son dérivé "Valhalla". Le troisième long métrage de l'Américain Robert Eggers ("The Witch") arrive donc à point nommé dans les salles de cinéma. Eggers se sert lui aussi des traditions scandinaves et des mythes vikings classiques pour entraîner le spectateur dans une histoire épique de souffrance, d'amour, de soif de sang et de vengeance. Le réalisateur, qui a tourné son film de près de 140 minutes dans la nature intacte de l'Irlande, n'y va pas avec le dos de la cuillère. La violence brute revêt une grande importance dans le film (têtes coupées, hommes assassinés dans une frénésie de sang), mais elle ne devient jamais une fin en soi. Au contraire, elle représente de manière exemplaire et symbolique la force et la rage brutes et archaïques de ces hommes qui luttent pour leur propre survie et celle de leur famille. Comme Amleth, incarné de manière martiale par le grand Alexander Skarsgård. L'histoire suit d'abord le déroulement habituel de l'action et de la dramaturgie d'une saga classique de vengeance d'un enfant traumatisé qui revient dans son pays après des années pour se venger. Mais dans le deuxième tiers, "The Northman" surprend par un rebondissement qui place Nicole Kidman au centre de l'histoire dans le rôle de la mère d'Amleth. Kidman fait ici sa grande entrée dans un film entièrement composé d'acteurs de renom, pour lesquels Eggers trouve les rôles qui conviennent exactement. Parmi eux, Willem Dafoe en bouffon bizarre ou la chanteuse Björk en sorcière aveugle et terrifiante. Mais le véritable point fort du film, qui mêle habilement le symbolisme viking, les superstitions et les thèmes mystico-mythiques aux légendes des Dieux et des héros des peuples nordiques, réside dans le langage visuel. Eggers trouve un style visuel uniforme, sombre et oppressant. Notamment sur le champ de bataille. Les images massives et intenses laissent le spectateur bouche bée et illustrent la douleur ainsi que le désir intime de vengeance qui a animé Amleth et l'a maintenu en vie pendant tant d'années.