Captain Philips, adapté par Paul Greengrass et basé sur des faits réels : il rappelle la terrible prise d'otages ayant eu lieu en 2009 au large des côtés de la Somalie, à bord du Maersk Alabama, un navire de la marine marchande américaine. Malgré les inévitables modèles de construction scénaristique propres aux films de genre auquel il appartient, l'intérêt principal du film réside dans les interrogations -sur le plan humain-, que soulève le déroulement progressif du drame : les motifs des agissements des pirates, les moyens mis en œuvre dont chaque camp dispose, les préjugés culturels respectifs, les réactions de détresse, les postures dissuasives réciproques et enfin les conséquences dramatiques inhérentes de tout acte perpétré dans ce genre de négociations de crise.

La première partie du film, l’approche et l’attaque des pirates, est tout simplement époustouflante : suspense, tension, bravoure, réalisme dans les prises de vue et puissance des images. Cette attaque d'un cargo de marchandises en pleine mer par une poignée de pirates somaliens semble d'une témérité folle, même si les pirates sont armés, contrairement au personnel de bord. Il y a quand même quelque chose de l'ordre du petit poucet somalien (armé jusqu'au dents) dans sa petite (mais rapide) embarcation à moteur contre l’ogre américain dans sa forteresse navale visiblement pas si imprenable. Mais la deuxième partie, la prise d’otage du capitaine, m’a parue moins intéressante, tant nous y retrouvons plus volontiers tous les ingrédients classiques du genre, clichés y compris. La représentation des pirates est quant à elle malheureusement de plus en plus caricaturale au fur et à mesure de l’avancée du film, avec l’impression de se retrouver avec les gentils et courageux américains d'un côté contre les méchants et cruels somaliens de l'autre. Certes, ce ne sont pas des enfants de cœur et ils ne sont pas excusables et on comprend rapidement le contexte dans lequel ces actes de pirateries se font jour (pauvreté du village dans un pays proche de la guerre civile, appartenance à des clans rivaux, anciens pêcheurs devenus de petits exécutants pour de plus gros poissons…). Un film à grand spectacle qui a plus que du panache dans son premier tiers mais qui reste dans la simplification du genre en final. Soulignons l’interprétation toute en finesse de Tom Hanks (les dernières scènes sont particulièrement émouvantes) et la découverte du comédien somalien Barkhad Abdi, qui possède indéniablement une présence et qui arrive à exprimer pas mal de choses dans ses silences lourd de sens.