Scénario et dessin : Walter Chendi
Le quinquagénaire Erasme Deer vit dans un château au-dessus du village de Baomburg, avec pour seul compagnie son cuisinier. L'homme est totalement détesté par la population, dieu sait pour quelle raison, et son seul plaisir vient de la création littéraire. Entre réalité et fiction, cet écrivain au passé trouble présente peu à peu les choix qui l'ont amené à se retrouver isolé dans une bâtisse en flanc de falaise et pourquoi les villageois sont perturbés par sa présence. Mais n'y a-t-il pas davantage à percer dans la vie d'Erasme ?
L'histoire de Dans les contes il ne pleut jamais rappelle sur bien des points Maudite baleine. En effet, l'auteur a une facilité pour nous entraîner d'abord dans un voyage lent qui parvient bientôt à entraîner le lecteur dans les abîmes les plus profonds d'une histoire qui semble vouloir imiter un thriller, un de ces thrillers à haute tension que l'on dévore en quelques instants pour arriver le plus rapidement possible à la fin heureuse. De plus, Chendi nous balade de façon très habile entre la réalité et les délires du baronnet. Mais contrairement à l'album précédent, cette fois, les passages sont marqués de façon plus claire. Erasme emprunte en effet un long tunnel (dont lui seul connaît apparemment l'existence) pour passer de la réalité présente aux souvenirs et aux fantasmes, puis faire le voyage retour. De plus, Walter Chendi a complètement changé d'approche, le héros n'est pas blessé physiquement dans cet ouvrage, mais il a plutôt le moral en berne et est détruit psychologiquement à cause des remords de son passé. L'aventure est donc une navigation continue entre passé et présent à laquelle le lecteur est soumis, chromage après chromage, référence temporelle après référence temporelle, en traits clairs et précis et avec des tons forts qui accompagnent au mieux les innombrables rebondissements qui secouent Erasme. Une fois de plus, le scénario nous offre une histoire d'aventure intérieure forte. Le drame de l'histoire est souligné par les traits et les expressions faciales des protagonistes, toujours très tendus. Les couleurs froides utilisées dans les deux périodes contribuent efficacement à rendre l’atmosphère lourde qui imprègne tout le récit. Le graphisme a lui aussi évolué depuis Maudite baleine avec un style plus scandinave assez étonnamment.
VERDICT
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Laissez-vous envelopper par le talent de Walter Chendi : le trait dur du dessinateur n'est qu'un masque pour la douceur qui se cache dans le cœur d'un vieux écrivain