Bien avant l'appel du 18 juin 1940, le général de Gaulle était déjà au front lors de la Grande Guerre. Le premier tome nous invitait à suivre la vie du grand Charles entre 1916 et 1921, une période où il voit la guerre essentiellement en spectateur (étant souvent fait prisonnier), mais qui renseigne énormément sur la personnalité d'un homme qui a marqué l'histoire. Un homme sur et déterminé, d'un grand sens de l'honneur, mais parfois tenté par le renoncement. Le deuxième épisode commence quant à lui en septembre 1939, alors que la Seconde Guerre Mondiale vient de débuter. La France est encore relativement épargnée par le conflit (d'où le terme de "drôle de guerre") et De Gaulle, encore colonel, plaide pour que l'État-major adopte une stratégie plus offensive fondée sur la concentration des blindés. Une stratégie qui sera reprise par les Allemands, mais avec en plus une aviation très en avance sur les autres pays. Le 10 mai 1940, la bataille de France débute. Le 25 mai, De Gaulle est nommé général de brigade à titre temporaire. Le 6 juin, le voilà à présent convoqué à Paris par Paul Reynaud, président du Conseil, pour occuper un poste ministériel dans son gouvernement, celui de sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale. Alors que certains voies, notamment Pétain, souhaitent pactiser avec l'ennemi, De Gaulle est chargé de coordonner l'action avec le Royaume-Uni pour la poursuite du combat. Le 17 juin, Paul Renaud démissionne et est remplacé par le maréchal Pétain qui demande aussitôt la signature d'un armistice. De Gaulle s'envole à Londres et prévoit de parler au peuple français sur Radio Londres, au siège de la BBC. Ce troisième volume nous propulse à présent en juin 1944, alors que les Alliés préparent le débarquement en Normandie en tenant de Gaulle à l'écart. Les Américains voudraient en effet éloigner le général afin d'instaurer une sorte de protectorat en France. Les Britanniques sont beaucoup plus nuancés mais jouent dangereusement sur les deux tableaux. Pour placer la France dans le camp des vainqueurs, de Gaulle va devoir prendre les Alliés de court. Le président Roosevelt voit en lui un dictateur et le général Eisenhower a déjà rédigé une proclamation pour que les Français obéissent aux ordres de l'Oncle Sam. De Gaulle parvient à imposer la France libre non sans difficultés, surtout que la libération de Paris ne semble pas être la priorité des Américains alors que les Nazis sont sur le point de faire sauter la ville. Leclerc désobéit aux ordres et rentre dans la capitale où De Gaulle organise un défilé sur les Champs Élysées.

Bien qu'il ne présente qu'une année de la vie De Gaulle, ce troisième tome s'avère particulièrement dense, et met en scène l'action militaire du Général alors que la France s'apprête à être libérée. Il sera nécessaire de désarmer rapidement les Forces Française de l'Intérieur (FFI) et les Francs-tireurs et partisans (FTP) communistes afin de ne pas créer un nouveau conflit intérieur. Peu à peu, la politique entre en scène, et présente ainsi une tonalité plus grave que les précédents opus, tout en montrant l'évolution du général De Gaulle qui devient peu à peu un homme d'État, étant totalement transformé par les événements. L'ouvrage comporte néanmoins une certaine dose d'humour, tandis que le dessin clair et détaillé illustre bien la complexité du personnage. A noter qu'un cahier clôture l'album, réalisé avec la Fondation Charles de Gaulle.