Ellis Island est la porte d'entrée du rêve américain.  Tonio arrive en 1907, plein d'illusions. En apportant une assistance au compagnon de voyage Giuseppe, Tonio est tenu à l'écart en raison de son handicap. Il est à la merci de Vitto, un avocat de la mafia qui lui propose un recours qui pourrait autoriser son entrée sur le continent. En guise de paiement, il doit travailler comme recruteur pour les nouveaux arrivants, proies faciles et sans défense. Le jeune homme est lié par les attentes pleines d'espoir des habitants de son village et l'amour qu'il ressent pour Nadia. Il accepte l'offre, malgré les réticences de Giuseppe.

Ellis Island en 2021 est l'équivalent à l'étranger de "notre" musée de l'immigration à Paris. Vous avez un aperçu de l'approche presque mécanique du triage des candidats à l'immigration. Entre 1892 et 1924, plus de deux millions et demi de clients pour un rêve américain sont passés à la caisse. Deux bons pour cent ont été renvoyés directement pour cause de maladie ou de passé criminel. Dans cet album, nous suivons les aventures de Tonio, un jeune Italien qui est envoyé de son pauvre village de campagne aux États-Unis pour ouvrir la voie aux autres. Dès son arrivée, il devient le jouet de contrôleurs corrompus, de mafiosi locaux et de sa propre naïveté. Le bon jeune homme est obligé de jeter ses idéaux par-dessus bord s'il ne veut pas décevoir le front intérieur.  Avec ce scénario fort, Philippe Charlot continue d'enrichir sa bibliothèque personnelle, une collection qui compte déjà plusieurs lauréats dans ses rangs avec Le Train des Orphelins et Le Cimetière des innocents. Dans cette première partie, il saupoudre beaucoup de détails qui vous font soupçonner que le meilleur reste à venir. De plus, il réussit comme nul autre à lier une aventure intrigante à un fait historique brutal. Ajoutez à cela la palette de couleurs atmosphériques du dessinateur polonais Miroslaw Urbaniak (Miras) et nous osons dire qu'il s'agit d'une bande dessinée de premier ordre. Le style de Miras et son utilisation des couleurs rappellent parfois Gradimir Smudja et, dans certaines scènes, l'esprit de Vincent van Gogh semble même errer sur les pages.