Né lors d'un Game Jam Project en novembre 2014, le projet The Darkside Detective n'a nécessité que huit heures de développement pour Paul Conway et Christopher Colston, attirant l'attention des médias indépendants, louant son potentiel. Cette admiration de la presse a donc incité l'équipe à passer en mode production - sous le nom de Spooky Doorway - et à livrer un jeu complet, désormais disponible sur Nintendo Switch en version cartouche grâce à Super Rare Games. Cette édition limitée (5000 exemplaires seulement) comprend en effet le jeu sur cartouche, un manuel en couleurs, trois cartes collector et un sticker exclusif. Influencé par le style graphique de jeux anciens comme Day of the Tentacle ou Monkey Island, les irlandais de Spooky Doorway ont suivi une direction artistique similaire, avec des blocs de gros pixels pointus, pour créer une sorte de jeu d'aventure policière de style X-Files. Le résultat ? Très réussi, mais il a aussi ses défauts. L'histoire se déroule à notre époque, dans une ville connue sous le nom de Twin Lakes, Etats-Unis, où vous incarnez le détective Francis McQueen et êtes responsable de la division surnaturelle (connue sous le nom de Darkside Division) dans le service de police ... ou en gros de toutes les enquêtes qui sont trop compliquées pour les policiers "normaux" à résoudre. Au cours de vos enquêtes, vous êtes accompagné de l'adjoint Dooley, dont la relation avec l'inspecteur McQueen est une amitié amusante pleine d'humour et un soupçon de lâcheté. Le jeu vous lancera six cas qui vous verront chasser des fantômes hors de la bibliothèque municipale, vous débarrasser des Gremlins au poste de police, ou réparer un problème de portail dimensionnel qui empêche les métros d'atteindre leurs mondes respectifs. Peut-être pas assez en terme de durée de vie, car tout le jeu peut être terminé en cinq heures environ (ou peut-être sept si vous avez vraiment des difficultés avec certaines énigmes). Et sur Switch, vous pouvez profitez de commandes tactiles, ce qui est un grand avantage pour se déplacer  dans un point'n click et résoudre les énigmes. Cela dit, si vous souhaitez utiliser le stick analogique et les boutons, vous le pouvez également.

Pourtant, dans chaque affaire, Francis McQueen a ces longues conversations avec l'adjoint Dooley, vous faisant réaliser à quel point ce duo voué à l'échec, est l'un des plus grands succès du jeu : juste assez bête pour vous faire rire, cela va mener à une histoire pleine de jeux de mots et d'écriture spirituelle. L'humour et les jeux d'aventure sont peut-être liés par défaut, mais peu de titres garantissent un mélange aussi réussi qui se traduit par de véritables rires. Même lorsque Spooky Doorway fait référence à de la culture pop connue, comme la référence évidente à Twin Peaks, The Darkside Detective improvise et crée son propre style avec un script finement compté, avec des blagues qui ne sont pas trop imposées. Quand il s'agit du travail artistique de cette équipe, il n'y a que des éloges à faire. Peu osent aujourd'hui baser leur influence sur les vieux jeux rétro, en optant généralement pour une technologie plus impressionnante visuellement ou même des illustrations de style dessin animé, mais Spooky Doorway s'est complètement tourné vers le pixel art. Sur les traces de Monkey Island, les décors et les environnements du jeu tirent brillamment parti des résolutions traditionnelles, en maîtrisant une mosaïque de couleurs et de sprites dans toute sa splendeur pixel, sans trop de peine. The Darkside Detective fait bon usage d'une palette de couleurs plutôt morbide, qui ne manque pas l'occasion d'afficher suffisamment de détails pour rendre tout le jeu vivant. L'ajout d'un éclairage HD et d'effets d'éclairage difficiles à obtenir en 16 bits permet d'obtenir une toile finement pixelisée. Mais c'est aussi l'incroyable bande-son qui crée l'ambiance, ce qui contraste presque avec le scénario loufoque, un tantinet sérieux et influencé par les thèmes des films d'horreur des années 1980. Et ce n'est pas surprenant, étant donné que le compositeur de la bande sonore n'est autre que Ben Prunty, connu pour la musique derrière FTL : Faster Than Light. Le résultat est un mélange bizarre d'électro, de jazz et de lignes de basse de synthés lourdes qui donne une humeur sombre et sinistre, rappelant une fusion entre la série télévisée Stranger Things et les bandes originales de Deus Ex.