Scénario et dessin : Pierre-Henry Gomont
Après le fiasco avec l'oligarque Trubetskoj, Slava et Lavrin prennent des chemins différents. Ce dernier, à force de ruses et de persévérance et avec l'aide de la richissime Magdalena Ivanovna, parvient à bâtir un empire d'entreprises, tandis que Slava se débat avec ses ambitions artistiques et ses sentiments pour Nina. Mais l'avenir de la mine dans les Carpates est encore plus important pour tous. C'est désormais une coopérative qui appartient à ses employés, mais il est difficile de s'imposer sur le marché face à de puissants oligarques comme Morkhoff. Le nouveau client allemand Jürgen Pruck sera-t-il le sauveur ? Pendant ce temps, Slava Segalow connaît un succès retentissant à Moscou avec ses photos de l'homme au travail - comme Nina le lui avait prédit. Dimitri Lawrin, en revanche, fait une chute spectaculaire à la télévision nationale, se terre dans son palais et garde le dernier mot : « Nous sommes en Russie et ici, les histoires ne se terminent pas bien ».
Inséparables. L’être et le paraître. La matière et la manière. La pensée et l’action. S’il peut y avoir une forme de grand théâtre dans la vie, dans la façon dont les casquettes que l’on porte reflètent les attentes que l’on a de nous, il y a bien un moment où les masques tombent devant le naturel. Parfois on les enfile par protection, car les autres ne peuvent pas comprendre. Parfois c’est par jeu, pour entrer dans les cases. Dans l’épilogue de Slava, il n’est plus temps de jouer la comédie. La pression exercée par les oligarques sur la petite mine isolée de Nina prend tout le monde de court. C’est le temps de l’action qui révèle la vraie nature des personnages. Pour certains, pas de surprise : ils ont toujours été tels qu’on les voyait. Pour d’autres, le fond reprend la forme et ils vont pouvoir s’accomplir réellement. On retrouve notre petite troupe, chacun occupé à gérer son devenir. Nina et Slava, jeunes parents, s’épuisent à gérer l’humain et la prospective. Volodoi vit mal ses problèmes cardiaques mais excelle dans sa gestion du contradictoire. Laverine a réussi dans la vie de crapule au col blanc. Il se rend compte que tout avoir n’amène rien. Alors Slava reprend les pinceaux et son rêve de vie d’artiste. Si le rire était moins présent dans le second volet, on se délecte à nouveau des dialogues et des situations burlesques mises en scène par Pierre-Henry Gomont. Il y ajoute de l’émotion, car le final nous prend à la gorge quand chacun se réalise et que les coups pleuvent. Il y a quelques planches d’anthologie et l’on referme cette saga triste d’avoir assisté à l’inéluctable. Car si rien n’était attendu, on ne pouvait pas rêver d’un happy end pour des braves gens dans le Far West de la Russie post-communiste. Il reste alors Slava et sa fille. L’espoir de transmettre ses valeurs par l’art. L’idée que se travestir ne sert à rien, car la vie est trop courte pour se perdre dans un jeu d’acteur. Au final, tout se paye à un moment et mieux vaut être à l’aise dans ses fringues. Gomont parvient à insuffler beaucoup de vie dans les mouvements, à rendre les sentiments des personnages de manière extrêmement vivante et habile, parfois un peu exagérée, et surtout avec ses changements de perspective et de scène, les allers-retours etc. Les nombreux détails vous font toujours réfléchir un instant, beaucoup d'entre eux sont absolument drôles et même ridicules.
VERDICT
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Une suite extrêmement réussie de l'histoire de l'exploitation de l'URSS après la chute des Soviétiques par des profiteurs sans scrupules. Des personnages sympathiques et une intrigue qui oscille entre grotesque, burlesque et vie réelle parviennent à divertir parfaitement le lecteur et à éveiller l'envie d'une autre suite. Les travestissements ne durent jamais longtemps… Et puis comme disait Oscar Wilde « Soyez vous-même, les autres sont déjà pris »