Alberto est un jeune homme qui s'est enrôlé pour combattre la Russie pendant la Seconde Guerre mondiale dans le contingent espagnol de la Division Bleue. Paco Asenjo commence l'histoire en 2001, lorsque le personnage principal, Alberto, aujourd'hui septuagénaire, est interviewé en tant qu'unique survivant du bataillon Román du régiment Esparza. Au cours de cet entretien, il revit son recrutement en tant que volontaire pour combattre en Russie, ses aventures lors de l'entraînement, le voyage vers la Pologne et ses premières batailles jusqu'à ce qu'il atteigne la rivière Volkhov. Alberto n'était pas un militaire, ni un idéaliste politique ou un défenseur d'une quelconque idéologie, mais à dix-neuf ans et avec l'élan de la jeunesse, il se lance dans une aventure, car il pense que la guerre éclair allemande, comme beaucoup d'autres durant l'été 1941, entraînera la défaite de l'URSS avant que les divisionnaires espagnols n'arrivent sur place. Les volontaires de la Division bleue étaient des militaires vétérans - obligatoires à partir du grade de caporal et des soldats spécialisés - qui sympathisaient avec la Phalange, des membres de cette dernière, des anticommunistes, des personnes qui cherchaient à s'incruster auprès des vainqueurs parce qu'elles ou un parent avaient été du côté républicain ; des personnes qui cherchaient à sortir de la misère - elles seraient payées comme les soldats allemands et la solde de la Légion - et, comme le protagoniste Alberto, parce qu'elles avaient été dupées par la propagande et l'aventure. Dans L'Enfer Bleu, Alberto fait ses adieux à l'Espagne dans un train qui le conduira à travers l'Europe, avec un arrêt en Allemagne pour être formé à Grafenwöhr, où ils seront également équipés de l'uniforme allemand. Puis, de la frontière polonaise avec l'URSS, ils se dirigent vers Smolensk, où ils seront dirigés vers Vitebsk et enfin vers Novgorod, près de Leningrad. Sur le front russe, les Allemands avaient initialement l'intention de poster les volontaires espagnols près de Moscou, mais comme le rapporte L'enfer bleu, la résistance soviétique a conduit l'état-major allemand à les rediriger vers le nord, mais les Espagnols n'avaient pas emporté les vêtements et l'équipement adéquats pour un front où les températures automnales pouvaient descendre jusqu'à moins 50°C, comme Napoléon et ses soldats l'ont subi dans Souvenirs de l'armée napoléonienne. Les soldats espagnols furent d'abord considérés avec mépris par les Allemands, les considérant comme très bruyants et misérables, mais après leur baptême du feu et les batailles qui suivirent, ils suscitèrent l'admiration allemande. En même temps, dans l'intrigue de la BD, on observe comment les Espagnols ont suivi un respect beaucoup plus empathique envers la population et l'ont protégée de la dureté allemande.

L'histoire d'Alberto n'est pas une simple histoire de guerre, mais une véritable histoire de vie. Dans ce premier volume, le scénariste montre comment un jeune homme évolue, grâce à l'expérience qu'il ajoute à sa vie, où il y a des mauvais moments et d'autres très bons. Il passe du statut de protégé dans le nid familial à celui de recrue débordée et, plus tard, de compagnon d'armes. L'évolution du personnage est déjà perceptible dès la première page du volume, Alberto lui-même avertissant qu'« aujourd'hui, à 78 ans, il est très difficile d'expliquer ce que j'ai fait à 19 ans. C'était une aventure, une audace », complétant cette affirmation par une phrase typique de quelqu'un qui a vu beaucoup de choses tout au long de sa vie : « Si un adulte dit qu'il veut une guerre, c'est qu'il n'a pas la tête à ça ». L'intrigue de l'Enfer Bleu n'est jamais anodine ou inintéressante, car le séquençage suivi par Paco Asenjo fait que les souvenirs d'Alberto sont présentés dans des scènes séquentielles et dynamiques, tout en donnant du contenu à l'arrière-plan de l'histoire et en montrant l'évolution du protagoniste et de ses compagnons. Parallèlement, le dessin plus schématique aux lignes épurées que l'auteur a utilisé lui permet de s'adapter au mieux à l'intrigue, de même que l'utilisation d'aplats de couleurs qui facilitent la transition entre les scènes diurnes et nocturnes, ainsi que la différence de lumière qui se produit sur un champ de bataille la nuit, lorsque les balles fusent des canons et que les explosions déflagrent en plein champ ou sur les bâtiments. En résumé, ce premier volume, avec les superbes illustrations de Paco Asenjo, plonge le lecteur dans une aventure qui va au-delà de l'histoire de guerre qu'il raconte, puisqu'il montre l'évolution humaine d'Alberto, le personnage principal, qui montre les contradictions qui existent dans la guerre et la façon dont il doit les gérer.