ITRNews a récemment rencontré George Fornay, Senior Vice Président SCE. L'occasion de faire le point sur le futur lancement de la PS3, et les prochaines sorties de la PSP :
Quels seront les jeux disponibles à l’heure du lancement ?
Nous ne pouvons être précis sur ce sujet mais il y aura chez Sony, trois à quatre titres. Environ 10 titres chez les éditeurs tiers. Pour Noël, on peut tabler sur 20 à 30 titres.
D’autres actualités ?
Hormis la PS3, il y a aussi des nouveautés du coté PSP. Nous annonçons en effet en France, Allemagne et Angleterre, la disponibilité d’une nouvelle extension : le LocationFee TV, qui est un boîtier que vous placez à côté de votre téléviseur chez vous et vous permet de recevoir la télévision de votre pays partout dans le monde. Si, par exemple, vous avez un abonnement à Canal+ et que vous êtes en déplacement comme nous ici à Los Angeles, vous pourrez regarder le match de football de votre équipe favorite sur votre PSP … Ce qui est difficile sur les chaînes de la TV américaine. Il en est de même bien sûr pour les chaînes hertziennes ou bien encore les chaînes de la TNT. Nous avons aussi d’autres accessoires : une extension appareil photo qui viendra se mettre sur la PSP et, pour plus tard, la fonction GPS…
Peut-on dire alors que la PSP va se rapprocher de plus en plus d’un assistant personnel ?
Oh non ! Surtout pas ! On reste avant tout dans le monde du fun, de l’« entertainment mobile ». La fonction GPS par exemple se fera en collaboration avec Lonely Planet avec à la clé des guides de six villes en Europe dont Paris, disponibles bientôt. A terme, on peut imaginer des packs avec des guides Villes Lonely Planet et une PSP avec fonction GPS dédiée aux piétons. Tout cela reste fun. On ne veut pas transformer la PSP en couteau suisse. On a la possibilité de greffer de nouvelles fonctions sur la machine, alors pourquoi s’en priver… mais la fonction principale du produit reste le fun, l’entertainment, autrement dit le jeu, l’image (la vidéo et la télé aujourd’hui) et la musique.
A propos de vidéo, certains studios ont exprimé des doutes sur la sortie de futurs titres en UMD.
C’est vrai, certains studios sont déçus et se posent des questions. Ceci dit, les studios Sony ne s’en posent pas et seront derrière la PSP. Vous savez aussi que nous avons racheté la MGM, alors Sony pèse un peu sur l’industrie. Et tous les studios n’abandonnent pas (NDLR Buena Vista a indiqué sa volonté de continuer a sortir ses titres en UMD). Nous, Sony, en tous cas, nous n’abandonnons pas, bien au contraire et il y aura toujours une actualité UMD conséquente. On peut faire confiance à nos amis de Sony Pictures pour animer le marché de ce côté-là.
Et en termes de distribution pour la Next Gen?
Chez Sony, nous avons toujours eu l’habitude d’être assez large dans notre approche. Il n’est pas question de segmenter et de réserver la machine à untel ou untel. Mais maintenant, il y a des gens qui savent mieux faire sur ce type de produit et avec la complexité de la nouvelle machine, il y aura besoin d’encore plus de conseils et d’explication, il y a donc des réseaux qui seront mieux à même de vendre la machine. Mais en ce qui nous concerne, nous mettons à disposition les moyens marketing nécessaires pour étendre le marché et faire connaître la machine, aux réseaux, avec leurs spécificités, de prendre en main les opérations et de faire en sorte de maximiser leurs ventes.
Pourriez vous nous parler de l’année qui vient de s’écouler ?
Entre l’E3 de l’an dernier et celui-ci, les grands titres leaders qui ont bien marché en France sur Playstation sont PES qui a été numéro 1. En numéro 2 c’est Gran Turismo, chez nous, derrière, il y a Dragon Ball Z Budokai d’Atari, ce sont les trois premiers titres du palmarès. Les ventes ont été très bonnes puisqu’il s’est vendu en France environ 9 millions de jeux sur PS2, pour 380 millions d’euros de CA. Je vous rappelle qu’au moment du pic des ventes sur PS1, le CA maximum réalisé s’élevait à 250 millions. Cette année, nous allons refaire plus de 300 millions, c’est donc 4 années consécutives où les ventes sur PS2 sont supérieures au maximum de PS1. Nous avons donc une base qui est supérieure (nous allons passer le cap des 5 millions de PS2 bientôt, à la rentrée) et nous nous dirigeons vers une base de 6 millions de PS2 par rapport aux 5 millions de PS1 vendues. Nous avons une base de PS2 plus large, une consommation de jeux supérieure, des jeux qui se vendent à un prix légèrement supérieur, nous avons donc, d’une génération sur l’autre, un marché extrêmement dynamique. Je vous rappelle que ce Noël sera le septième Noël pour la PS2, On a souvent parlé d’un cycle de vie sur consoles de 5 à 6 ans, or on voit que nous sommes au dessus surtout en termes de software et nous sommes sur l’année 2007 encore très optimistes pour la PS2. C’est le fond de commerce, le cash-flow pour nous, mais aussi pour les réseaux, c’est là qu’ils vont gagner leur vie. Et nous prévoyons donc une belle année sur PS2.
Ce qui est sûr, c’est que quand on introduit une nouvelle machine, le poids du hardware montant mécaniquement les marges se font alors sur la partie matérielle. Même si le pourcentage est plus faible, sur 600€, les réseaux s’y retrouvent.
Que pouvez-vous nous dire sur les goûts des joueurs ?
Chez nous, c’est le « social gaming » qui a pris une vraie place, c'est-à-dire l’Eye Toy, Buzz et Singstar. Des jeux plus simples, plus grand public, parfois inspirés des émissions TV : Questions pour un champion, Star Ac’, etc. Des concepts qui fédèrent, qui permettent de casser la barrière d’accès aux jeux vidéo via le remplacement de la manette par un nouvel organe intuitif… Ici, tout le monde peut prendre un micro et se regarder dans une glace, tout le monde peut taper sur un buzzer pour répondre à une question, tout le monde peut se regarder dans une TV et faire des mouvements pour jouer, c’est simplifier l’interface, favoriser l’accès, démocratiser, élargir l’accès aux jeux vidéos, c’est un facteur qui existe maintenant et qui est solidement installé chez nous.
On peut donc supposer que Buzz, SingStar auront des suites?
Oui, cette année nous aurons 3 ou 4 versions de ces jeux. Buzz, Singstar, Eye Toy est pour nous un triptyque destiné à vivre longtemps. Avec en plus l’Internet haut débit, ces jeux vont prendre une autre dimension. Nous l’avons démontré lors de la conférence de presse SingStar où vous pouviez télécharger des clips vidéo complets avec la possibilité de chanter par dessus. C’est facilement déclinable. On peut s’attendre aussi à des packs de questions pour Buzz que l’on pourra acheter. On pourra ainsi mettre à jour les jeux. Sur Gran Turismo, imaginons une connexion avec les constructeurs automobiles du monde entier, qui lorsqu’ils sortiront un nouveau modèle se verra modélisé et pourra ensuite être téléchargé pour être intégré au jeu ! De même pour les circuits. Pour les jeux d’aventures, on pourra télécharger de nouveaux personnages…. On voit bien le principe. La PS3 sera la machine qui permettra de vivre cette « révolution ». Tout cela soutenu aussi par le haut débit car, comme on le sait, il faut une bande passante énorme pour véhiculer de la vidéo et du son.
Que pensez vous des jeux massivement en ligne ?
Pour l’instant ces jeux sont réservés aux Gamers. Je crois qu’à notre niveau il faut avoir une approche plus démocratique. Comme toujours, il faut être capable de satisfaire tous les goûts. Les gens ont besoin de variété. Je crois donc que le jeu vidéo n’est pas destiné à rester enfermé sur une catégorie de jeu. Je crois que le jeu vidéo va prendre la voie du cinéma. Il va nous falloir les enrichir, mieux les structurer, y apporter encore plus d’interactivité, …
Justement, avez-vous l’impression que cet E3 montre des jeux de plus grande qualité ?
Oui, mais c’est aussi dû à la technologie. C’est quand même bluffant. Nous avons montré sur PS3, - enfin EA a montré - une modélisation de Tiger Woods tellement fine que par moment, on pouvait avoir l’impression de jouer vraiment avec Tiger lui-même. On a un doute, c’est incroyable… La démonstration de Gran Turismo HD nous a aussi montré une course dans le Grand Canyon filmée comme d’un hélicoptère… Un paysage magnifique avec des voitures extrêmement fidèles, des spectateurs humains que vous pouvez distinguer, qui s’écartent et le tout avec une grande fluidité ! On obtient véritablement une qualité d’image cinématographique. Il n’y a quasiment plus de différence avec une image télé. En outre cette technologie stimule la créativité, ça donne envie de faire des choses. Les développeurs vont s’en donner à cœur joie !
Quelle est votre position par rapport aux gammes « budgets » ?
Chez nous il s’agit de la gamme Platinum. Ce sont les meilleurs jeux aux meilleurs prix. Les meilleurs jeux en Europe, cela veut dire au bas mot 350 000 ventes. Ce sont donc des jeux de qualité, qui ont été plébiscités par le grand public. Nous rééditons ces jeux à moitié prix. Mais nous ne sommes pas favorables à la réédition de jeux à bas prix, juste pour faire des ventes additionnelles. Nous sommes plutôt ans une logique d’écrémage du marché. Chez nous un jeu a une vie, il est donc destiné à mourir. Bien sûr, il y a quelque fois des offres tactiques pour soutenir certains réseaux, mais nous ne voulons pas nourrir ce système. On le voit bien : le marché des jeux est un marché où les prix moyens sont maîtrisés, la dynamique du marché est saine… Nous serions fous de détruire cela comme cela a pu se faire dans d’autres marchés. Si vous prenez la musique ou la vidéo, dans le DVD par exemple, les acteurs sont allés un peu loin dans cette démarche prix avec pour corollaire un consommateur qui n’a plus le sens de la valeur du produit et le marché en est « déstabilisé ». Il faut donc être très prudent avec ce genre d’approche. Encore une fois, je ne dis pas qu’il ne faut le faire de manière tactique pour aider, mais on doit toujours comprendre qu’un jeu vidéo a une valeur, et ce d’autant qu’un jeu vidéo va être de plus en plus cher à développer, il faut donc faire très attention à la politique de prix. C’est facile de baisser un prix, mais on ne peut ensuite jamais le remonter. Je me répète : nous sommes et seront donc extrêmement prudents.
Vous avez parlé de développement, quel est le ticket d’entrée? On parle de 10 à 15 millions de dollars.
Le ticket d’entrée est plus proche de 10 millions que de 5.
