La Pierre de la Folie.

Développé par The Game Kitchen, déjà connu pour Blasphemous, le jeu promet une expérience intense et stimulante. Mais aura-t-il réussi à se démarquer dans un genre aussi compétitif ? L'intrigue nous emmène au cœur des Pyrénées du XVIIIe siècle, dans un monastère transformé en asile psychiatrique, un lieu aussi sacré que corrompu par la violence et la folie. Ici, un groupe de prisonniers – chacun avec sa propre histoire et ses propres troubles mentaux – cherche désespérément un moyen de s’échapper. Le protagoniste principal, le père Alfredo Martín, est un prêtre emprisonné pour hérésie, qui se rend vite compte que le véritable mal réside dans les murs mêmes qui le retiennent prisonnier. Il est rejoint par quatre autres détenus, chacun avec un passé sombre et une phobie invalidante qui aura un impact sur leur chemin vers la liberté. L’un des aspects les plus intéressants du récit est la façon dont le jeu entremêle le surnaturel avec la réalité historique de l’Inquisition espagnole. Les conditions inhumaines dans lesquelles étaient détenus les prisonniers, combinées aux pratiques brutales de l’asile, dressent un tableau cruel et inquiétant de la psychiatrie de l’époque. Chaque personnage porte en lui un traumatisme qui non seulement impacte l'histoire, mais change également la façon dont le joueur aborde diverses situations. Leonora, par exemple, a une peur paralysante du feu, tandis qu'Eduardo est terrifié par l'obscurité, des éléments qui vont au-delà de simples traits narratifs pour devenir de véritables limitations dans le gameplay .
 
L'histoire se déroule de manière non linéaire, le joueur pouvant découvrir de nouveaux détails sur l'histoire en fonction des actions entreprises et des stratégies adoptées pour s'échapper. Il existe plusieurs variantes dans les événements, rendant chaque jeu unique et poussant le joueur à explorer le monastère en profondeur pour découvrir ses secrets les plus sombres. Le charme du récit ne réside pas seulement dans l’histoire principale, mais aussi dans les documents, les dialogues et les décors qui racontent une histoire de désespoir et de survie. La prsence d'une localisation française est utile pour s’immerger encore plus dans cette atmosphère sombre et oppressante. En termes de gameplay , The Stone of Madness se présente comme un jeu de stratégie en temps réel avec une forte composante de furtivité et de gestion. Le joueur contrôle un groupe de personnages, chacun avec ses propres capacités et phobies, qui doivent travailler ensemble pour trouver une issue. La clé du jeu est d'équilibrer soigneusement les actions de chaque membre du groupe, en tirant le meilleur parti de leurs capacités sans déclencher l'alarme ni paniquer un coéquipier. L'élément le plus original du gameplay est la « folie » des personnages : plus ils passent de temps dans le monastère, plus leur état mental se dégrade, entraînant des effets imprévisibles qui peuvent compliquer l'évasion.

Une réalisation intéressante mais non sans défaults.

La direction artistique de The Stone of Madness est, comme le veut la tradition de l'équipe de développement, l'un des éléments les plus distinctifs du jeu, avec un style visuel inspiré des œuvres de Francisco Goya , en particulier ses Peintures Noires. Le résultat est une atmosphère sombre et oppressante, avec des scénarios peints à la main qui semblent sortir d’un cauchemar. Le monastère est un environnement décadent, composé de pièces sombres, de couloirs étroits et de cours en ruine, qui contribuent à créer un sentiment d’oppression et de claustrophobie. Le design des personnages reflète également cette esthétique, avec des visages marqués par la souffrance et l’angoisse, soulignant le sentiment de malaise et de folie. D'un point de vue technique, le jeu souffre cependant de quelques problèmes. Bien que le décor soit extrêmement évocateur, il existe des problèmes graphiques et des bugs qui peuvent compromettre l'expérience. Les personnages restent parfois coincés dans des objets et certains éléments du décor ne répondent pas toujours correctement à l'interaction. L'IA des gardes varie également : parfois ils semblent trop réactifs, d'autres fois inexplicablement distraits, créant des moments de frustration pour le joueur. Ces problèmes techniques, bien que non handicapants, brisent l'immersion et rendent quelques patchs nécessaires pour améliorer la stabilité du jeu. Le département audio, par contre, est excellent. La bande sonore contribue parfaitement à l'atmosphère, alternant des moments de tension avec des morceaux plus oniriques qui augmentent le sentiment de malaise. Les effets sonores, tels que le grincement des portes, les murmures dans les couloirs et les cris au loin, sont soignés dans les moindres détails et contribuent à rendre le voyage à l'intérieur du monastère encore plus immersif. Le doublage, bien que limité, est de bonne qualité, avec des voix qui soulignent le ton dramatique et dérangeant de la narration.

Chaque niveau est conçu comme une sorte de puzzle environnemental , où le joueur doit explorer, éviter les gardes et exploiter l'environnement pour créer des chemins sûrs. Les phobies des protagonistes ne sont pas seulement un détail narratif, mais une véritable mécanique de jeu : si un personnage est exposé à un élément qui le terrifie, il peut perdre le contrôle, crier et attirer l'attention des gardes. Cela ajoute une dose constante de tension, car une erreur peut compromettre toute la stratégie. Les joueurs peuvent également trouver des médicaments ou tenter de soigner leurs coéquipiers, mais le risque d’aggraver la situation est toujours présent. La variété des approches vous permet d'affronter le jeu de différentes manières : vous pouvez choisir d'être furtif et patient, en attendant le bon moment pour bouger, ou opter pour une action plus risquée et plus rapide. Le système de contrôle, cependant, ne répond pas toujours de manière intuitive, et la gestion des personnages peut parfois être fastidieuse, surtout dans les situations les plus chaotiques. Certains problèmes de recherche de chemin peuvent rendre difficile le contrôle du groupe, provoquant des événements inattendus qui peuvent être frustrants.