A l'occasion de la sortie de l'ouvrage "Cher pays de notre enfance : Enquête sur les années de plomb de la Ve République", nous avons pu rencontrer l'un des ses auteurs, le dessinateur Etienne Davodeau.
BD Expo : Comment est né cet ouvrage ?
Je ne connaissais pas Benoit Collombat, mais des amis de la Revue Dessinnée (NDLR : Un trimestriel spécialisé dans la BD de reportage) m'ont demandé de leur proposer un sujet et ont organisé un déjeuner avec Benoit. Je le connaissais de nom, pour l'avoir entendu à la radio.
Cette période de la Vème République, vous la racontez justement dans votre ouvrage "Les Mauvaises Gens (publié en 2005 chez Delcourt). Elle éveille un intérêt particulier pour vous ?
Tout à fait, j'ai abordé cette période de manière plus locale avec une de mes précédentes BD, et avec Benoit, nous avons pu explorer ces années-là de manière beaucoup plus approndie, surtout avec le concours d'un journaliste d'investigation reconnu.
Justement, les rencontres avec les témoins n'ont pas du être faciles en tant qu'auteur de BD surtout que certains n'ont pas voulu être dessiné.
C'est une habitude à prendre. J'ai rencontré beaucoup de gens pour d'autres travaux, et leur ait expliqué mon travail. Avec les personnes plus agées, peu habitués à la bande dessinée, ou qui n'en ont pas une bonne image, il fallait être didactique. Pour le dessin, on m'a demandé de changer quelques visages. J'ai souvenir notamment d'une femme de plus de 80 ans qui voulait qu'on la représente telle qu'elle était à 25 ans !
Cela évite également tout risque de diffamation.
Aucun risque de ce côté là, puisque tout ce qui est décrit dans le livre est véridique et est en parti tiré d'un livre de Benoit sur l'affaire Boulin datant de 2007 qui n'a jamais été attaqué.
Y a t-il des témoins de l'affaire que vous auriez aimé rencontrer. On remarque d'ailleurs une récurrence à Pasqua entre chaque chapitre.
Nous avons essayé d'interroger Pasqua pendant plusieurs mois, et chaque fois, il se dérobait. Lorsque nous avons fini le livre, il est décédé emportant tous ses secrets.
Comment a fonctionné la collaboration avec votre auteur ?
Le point de départ a été l'affaire Boulin, récemment revenu dans l'actualité grâce à la science. Nous avons constitué quatre chapitres d'ensemble, le meurtre du juge Renaud, le Sac, le Sac dans les entreprises et l'affaire Boulin. Il a fallu deux ans pour réunir tous les témoignages
La BD se conclut par un témoignage inédit sur l'affaire Boulin.
En effet, on a rencontré un nouveau témoin qui apporte un fait nouveau, et c'est aussi grâce à l'aide de la nouvelle avocate de Fabienne Boulin, la fille de Robert Boulin, que l'enquête va être relancée.
Pourrait-on envisager un tome 2 ? De nombreuses affaires ont secoué la Vème République par la suite. Les diamants de Giscard, l'assassinat du ministre Fontanet, l'affaire des Avions Renifleurs, le suicide de François de Grossouvre, etc ...
Oui on pourrait décliner tant les affaires furent nombreuses, et se poursuivent d'ailleurs aujourd'hui. Mais après un récit comme cela, je préfère retourner à la fiction.
Notamment l'adaptation au cinéma de votre BD "Chute de Vélo" (2004 chez Dupuis). Participez-vous au casting ?
Oui je travaille sur ce long métrage depuis quelques mois, je suis en train de réécrire le scénario et les dialogues. J'aurai plus de responsabilité que sur l'adaptation de Lulu femme nue (Futuropolis). Bien sur, j'ai une idée des acteurs/actrices que j'aimerai voir incarner certains personnages. On en discute avec le réalisateur belge Vincent Lannoo, mais ce ne sera pas avant fin 2016 / début 2017.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
D'autres rencontres aussi enrichissantes et des projets qui me passionnent.
(c) Yveline Richard