Un homme hanté par son passé est devenu tueur à gages. S'il est capable de faire couler le sang avec son marteau, Joe redevient un fils aimant et attentif auprès de sa mère. Solitaire, il sillone les rues de New York pour mieux oublier ses démons. Un important contrat l'amène sur la piste de Nina, la jeune fille d'un sénateur qui a été enlevée et est retenue par un réseau de prostitution. Le vétéran brutal et torturé parvient à retrouver le lieu où elle est séquestrée et il possède la force pour la libérer. Mais dès qu'il met son plan à exécution, une spirale de violence s'enflamme, n'épargnant rien ni personne.

Il semble étonnant que A Beautiful Day (Your Were Never Really Here en V.O.) soit le premier long métrage de la réalisatrice écossaise Lynne Ramsay depuis 2011. Entre temps, elle a été associée à des projets dont le western Jane Got a Gun, mais elle a quitté ce film après s'être disputée avec les producteurs concernant la réalisation. Les financiers voulaient apparemment une fin heureuse et avaient déjà des idées de montage avant même le début du tournage. Ramsay a ensuite omis de se présenter à la première journée de tournage de ce film, ce qui lui a valu la réputation d'être «difficile». A Beautiful Day pourrait servir d'exemple type de travail que la réalisatrice peut faire si vous avez confiance en ses capacités. La brutalité du film, le refus de Ramsay de suivre les conventions cinématographiques, le dialogue clairsemé et le manque de structure narrative traditionnelle, et la simple bizarrerie du film seraient un anathème pour la plupart des producteurs à vocation commerciale. Heureusement, l’équipe anglo-française à l’origine du film ne figure pas à la liste et, en donnant à Ramsay la liberté de création que d’autres lui ont refusée, ils l’ont aidée à créer un véritable chef-d’œuvre du cinéma moderne. Joaquin Phoenix, qui a remporté le prix du meilleur acteur à Cannes l'année dernière pour son rôle, aux côtés du prix du meilleur scénario de Ramsay, joue le rôle de Joe, un vétéran militaire souffrant de stress post traumatique. Joe travaille maintenant comme tueur à gages, spécialisé dans le sauvetage des enfants enlevés, tout en s'occupant en parallèle des soins de sa mère âgée. Chaque gros plan noir et blanc granuleux de parties du corps, chaque coup matraqué de son choix de marteau à boule, chaque écho discordant de la bande son désorientante de Johnny Greenwood nous entraîne plus loin dans l'esprit tordu et abusé de notre anti-héros.