Scénario : Thomas Gunzig, Jaco Van Dormael et François Shuiten
Dessin : François Shuiten
Couleurs : Laurent Durieux
Bruxelles, il y a de nombreuses années. Le professeur Philip Mortimer a été invité par son ami Henri à se rendre de toute urgence au Palais de justice de Bruxelles. En travaillant sur le système d'assainissement, des ouvriers ont accidentellement découvert une pièce secrète au sein de cette célèbre administration judiciaire. Il s'agit du bureau de l'architecte Poelaert, profondément impliqué dans la culture égyptienne à cette époque. Au lieu d'un dôme, le palais devait avoir une pyramide comme sommet. Tandis qu'un Mortimer perplexe regarde les plans de construction audacieux, Henri se déplace plus loin dans la pièce. Une action imprudente de sa part et l'impossible se produit. Un rayonnement ionisant, froid comme la glace, est libéré et entraîne l'échec de toutes les technologies de la région. La vie à Bruxelles s'interrompt. Une catastrophe. La ville est vide. Après quelques mois seulement, une équipe autour de Blake et Mortimer peut arrêter le rayonnement en entourant le palais d'échafaudages en fer. La cage géante de Faraday fonctionne. De plus, un mur de plusieurs mètres est en construction autour de la capitale. Des dizaines d'années plus tard, Bruxelles est une ville fantôme complètement détruite. Comme à Tchernobyl, la nature regagne du terrain. Mais nous entendons soudainement une explosion et une lumière verdâtre s'échappe du palais. Le rayonnement est de retour et il est plus intense que jamais. La technologie est hors service dans le monde entier. Le capitaine Francis Blake et le professeur Philip Mortimer sont rappelés de leur retraite. Blake a gravi les échelons de l'armée tandis que Mortimer déprime à Londres. Les deux amis d'hier s'apprêtent à repartir à l'aventure, une odyssée qui les mènera vers le passé, vers les mystères de la Grande Pyramide.
Le Dernier Pharaon a longtemps été un vrai Blake et Mortimer. Les scénaristes Thomas Gunzig et Jaco Van Dormael honorent pleinement l'artiste iconique Edgar P. Jacobs. L'histoire est vintage, pleine de détails et d'amour pour la science-fiction, la science et la scénographie. Mais Le Dernier Pharaon n'est pas une copie servile de la série principale. C'est aussi et surtout un vrai François Schuiten. Une histoire naïve et positive, qui grandit au cours d'un long et merveilleux voyage où un personnage principal plus âgé est assisté par une beauté classique. Enfin, la bande dessinée est un beau pastiche belge sur un film de super-héros. Un paysage puissant, une grande action et - alerte spoiler - un monde (ville) qui est sauvé de la destruction totale juste à temps. Mais les héros sont maintenant deux anciens avec une bonne dose d'ironie. Même si l'histoire est à plusieurs niveaux et bien pensée, l'intrigue s'avère moins séculaire qu'un album traditionnel de la saga.D'autre part, nous avons beaucoup de respect pour le baron Schuiten, qui quitte sa zone de confort pour son tout dernier projet de bande dessinée. Les personnages en mouvement sont maintenant plus importants que les bâtiments majestueux. Les animaux actifs chassent la technique statique et familière. Pour cette raison, la bande dessinée se débat parfois un peu comme un poisson sur la terre ferme, mais quand le vrai personnage principal, le Palais de Justice, revient sur le devant de la scène, nous retrouvons un grand Schuiten. La façon dont il donne une fonction à l'échafaudage rouillé, qui entoure le bâtiment depuis vingt ans, est magnifique. C'est presque impossible d'être plus belge. Ce qui doit être le point culminant incontestable de la justice nous touche dans toutes nos contradictions, sensibilités, incohérences et hypocrisies. C'est scandaleusement vrai. Nous gardons le meilleur pour la fin. Schuiten, qui est néanmoins un expert en coloration ou graphisme en noir et blanc, a fait colorier Le Dernier Pharaon par le phénoménal Laurent Durieux, un des illustrateurs les plus influents du moment. Ses affiches de films rétro alternatives ornent les salons de Steven Spielberg, Francis Ford Coppola et d'autres icônes. Durieux a regardé de près sa bande dessinée préférée de Blake et Mortimer, Le Piège Diabolique (également l'histoire préférée des auteurs de cet album), et a commencé à travailler sur les soixante-dix nuances de ce classique. Cela a donné aux dessins une apparence rétro unique et chaleureuse ainsi qu'une profondeur énorme. Rarement une coloration a été si décisive pour une bande dessinée. Une vraie valeur ajoutée !
VERDICT
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Le Dernier Pharaon n'est pas un classique Blake et Mortimer. Il s'agit plutôt d'un Blake et Mortimer avec quatre icônes bruxelloises au volant, à savoir le réalisateur Jaco Van Dormael, le romancier Gunzig, l'illustrateur Durieux et le dessinateur Schuiten. Avec Le Dernier Pharaon, ils unissent leurs forces et déploient un fantastique spectacle. Profitez-en bien.