2003, L'enfer de Dante.

Devil May Cry 2 prend place dans un univers inspiré de l'Europe ancienne. Après avoir sauvé une chasseuse de démons nommé Lucia, Dante devra lutter contre un puissant industriel, Arius, président de la compagnie Ouroboros, qui s'est lancé dans l'occultisme et invoque de nombreux démons. L'ex-Production Studios 4 étant alors occupé à plein temps sur Resident Evil, Devil May Cry 2 fut repris par l'équipe de Tanaka (Production Studio 2), dont c'était le premier titre. Le résultat ne se fit pas attendre : une immense déception critique, qui n'a pas tardé à plombé les ventes du jeu (divisés par deux). Après une heure d'écrasement de boutons tout en éliminant les ennemis avec aisance et très peu de talent, vous n'aviez qu'une envie : revenir au premier jeu qui présentait un gameplay beaucoup plus brutal, un décor envoûtant, et surtout, il était vraiment amusant. Ce portage de Devil May Cry 2 n'a absolument rien amélioré même si le jeu n'a pas que des points faibles. Pour commencer, le contrôle de Dante ou de Lucia est une joie parce que les commandes sont intuitives, réactives et extrêmement satisfaisantes. Etant donné les nombreux jeux, même en 2019, qui rendent leurs commandes de base maladroites et déroutantes, c'est quelque chose qui se distingue vraiment, même quand on le compare à ses contemporains du genre. De plus, un aspect sous-estimé de Devil May Cry 2 est ses options de personnalisation des personnages. Principalement, la configuration de vos attributs Devil Trigger est une mécanique très efficace qu'il est bon de bricoler. Pour illustrer ceci, vous pouvez équiper trois segments d'une amulette qui ajoutent des dégâts élémentaires et des boosts à vos attaques ainsi que changer la forme de votre Devil Trigger. Il y a aussi des épées et des fusils à trouver et à équiper, mais ni l'un ni l'autre n'ajoutent vraiment rien de nouveau à la formule déjà établie.

Considérant que vous pouvez jouer la campagne en tant que Dante ou Lucia, il y a certainement une bonne valeur de rejouabilité. Cela étant dit, les deux personnages se contrôlent de la même manière, bien que les animations de Lucia s'apparentent à celles d'un ninja. De plus, les deux campagnes sont presque identiques car vous traverserez les mêmes environnements, mais vous aurez une perspective différente sur l'histoire et l'intrigue de Lucia est impressionnante de détails et vaut la peine d'être vécue. Un autre aspect appréciable, ce sont les combats de boss ; non pas parce qu'ils sont particulièrement difficiles, mais parce que leurs conceptions sont mémorables et imaginatives, comme un hélicoptère démoniaque et beaucoup de monstruosités qui semblent s'être échappées d'une sorte de laboratoire d'alchimie. Si les combattre était vraiment divertissant, ils seraient des boss de premier ordre, c'est sûr. Beaucoup de joueurs se plaignent de l'absence de défi de Devil May Cry 2, mais le plus grand défaut de Devil May Cry 2 est le fait que son décor dans des environnements si vastes ne se prête pas du tout bien à la formule de jeu axée sur l'action. Dans l'original, vous êtes généralement confiné dans des arènes qui vous obligent à combattre stratégiquement vos ennemis car leurs attaques occupent souvent l'espace qui vous est donné pour combattre. Dans cette suite, vous pouvez passer à côté de la plupart des ennemis sans aucun soucis et même vous cacher de certains boss tout en les attaquant à une distance sûre. Ça ne ressemble pas du tout à Devil May Cry.

Un portage (trop) fidèle à l'original.

Cette nouvelle édition de Devil May Cry 2 n'apporte pas grand chose de nouveau sur Nintendo Switch. Certes, le jeu tourne en 1080p et 60fps, mais le poids des ans se fait bien sentir avec des textures parfois très flous et des personnages qui auraient gagné à monter en polygones. De plus, les cinématiques sont toujours en 4/3 et la résolution d'affichage n'a pas changé depuis la PS2, ce qui est gênant sur les téléviseurs Ultra HD actuels. Les menus sont également restés dans leur bain, la lisibilité apparaît parfois précaire. En fait, jouer de manière portable rend les graphisme plus impressionnants, car on ne voit pas tous les défauts qui apparaissent sur un grand téléviseur. Bien que l'émulation soit pratiquement parfaite, il aurait appréciable d'obtenir des fonctionnalités exclusives à la Switch. Il y a des réalisations à débloquer dans le jeu et une galerie contenant beaucoup d'images et de musique, mais elle aurait certainement pu utiliser plus de contenu pour en faire un achat plus rentable.  La musicalité est d'ailleurs incontestablement l'un des points forts de la saga Devil May Cry. Les thèmes sont toujours très inspirés, tandis que le doublage anglais est très réussi.

Bien sûr, le manque de difficulté est un énorme problème, car vous pouvez surtout vous frayer un chemin à travers n'importe quelle situation, il est donc rarement nécessaire d'élaborer des stratégies ou d'apprendre les modèles d'attaque de l'ennemi. Quelques-uns des boss peuvent vous faire trébucher, mais une fois que vous sortez de l'accalmie dans laquelle le jeu vous met, vous les battrez probablement à votre deuxième tentative. Enfin, le décor de Devil May Cry 2 semble étrange et déplacé. Le premier jeu s'est déroulé dans un manoir hanté à l'image de Castlevania et l'atmosphère était parfaite car elle vous tenait constamment à l'affût. Pendant ce temps, Devil May Cry 2 se déroule principalement dans une ville tentaculaire avec une ambiance qui équivaut à une promenade de minuit. Rappelons au passage que Devil May Cry 2 a introduit pour la première fois le mode bonus Bloody Palace qui vous permet de gagner des démonites rouges en affrontant des vagues d'ennemis. Une question demeure entière : Pourquoi Capcom a t-il décidé de lancer les anciens épisodes de Devil May Cry sur Switch à l'unité, sachant qu'une compilation de la trilogie existe sur PS3/PS4 et Xbox 360/Xbox One ?