Scénario et dessin : Vincenzo Balzano
1978. Le personnage principal, paumé, hirsute, trimbale son carnet partout avec lui pour ne pas oublier (non ce n'est pas le Lieutenant Columbo). Ranger, il cherche à lever le voile sur des disparitions inquiétantes, dont celle de son fils survenue quelque temps auparavant, et parcourt ainsi cette route mythique, l'une des plus hantée des États-Unis. Que se passe t'il réellement sur la route de Clinton ? Où disparaissent les gens et les bêtes ? Qu'est-ce qui rend cet endroit si mystérieux ? Au hasard des rencontres, la quête de John acquiert très vite un souffle haletant, entre thriller et angoisse. Au cours d'une nuit étrange où rêve et réalité se mélangent, il va découvrir une partie de la vérité.
On sent confusément où l'auteur souhaite nous mener, mais on se laisse porter par une succession d'actions et de dessins où le texte devient inutile. Les impressions sont là et bien réelles : la neige, le froid humide des lieux, la forêt et l'ombre menaçante du Clinton Furnace, ce four abandonné vestige d’anciennes croyances, qui pèse sur les personnages et le récit. Les planches sont magnifiques. Mélange de minimalisme et de traits rapides qui apportent un côté volontairement confus totalement en adéquation avec le texte. Pendant que les couleurs, façon aquarelle, se déclinent justement en teintes brumeuses, grises et diluées qui s'accentuent autour de certains éléments pour souligner leur importance. L'atmosphère pesante, un peu poisseuse et glauque, de cette histoire située entre lac et forêt est réussite, où le passé alourdit les esprits. Il faut noter que la Clinton Road existe réellement, cette route serpente à travers la ville de West Milford dans le comté de Passaic, New Jersey. Un tronçon de près de 10 miles (16km) qui se termine dans le lac Upper Greenwood. La route est devenue tristement célèbre pour ses nombreuses histoires de fantômes et de goules, de créatures cauchemardesques, de sorcières et de satanistes - même cette horreur de la vie réelle ... le Ku Klux Klan.
VERDICT
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Cette bande-dessinée est une perle d'angoisse visqueuse dont la force réside dans son dessin brut et minimaliste et sa palette d'aquarelles délavées. À découvrir absolument.