Scénario : Pierre Boisserie et Didier Convard
Dessin : Stéphane Douay
Mai 1968. La révolte éclate. Mécontentement populaire, manifestations, barricades, grèves : la France est paralysée. Agnès Laborde évolue désormais dans les hautes sphères du pouvoir. Elle n'a qu'un seul but : se débarrasser d'Aimé Bacchelli, le collabo qui la fait chanter depuis la fin de la guerre. Curieusement, Simone Baroux, journaliste à L'Objectif, commence à recevoir des informations sur les activités crapuleuses de ce dernier. Les deux femmes parviendront-elles à neutraliser Bacchelli et à se libérer du passé ?
Une conclusion en forme de collusion des parties en présence. Pierre Boisserie et Didier Convard mettent en évidence la manière dont collaborateurs et résistants (vrais ou de la vingt-cinquième heure) ont poursuivi leurs affrontements idéologiques après la seconde guerre mondiale dans les couloirs ministériels. Aucun de ces brillants cerveaux n’a pourtant anticipé ni compris le maelström qu’allait être Mai 1968, événement annonciateur de leur déclin, annoncé par Pierre Vianson Ponté le 15/03/1968 dans Le Monde avec un article prémonitoire, constat amer de l’immobilisme français intitulé : « Quand la France s’ennuie ». Dans la série, Georges Pompidou ne sort pas grandi, conseillé par l'infernal duo faiseur de présidents. Aux manettes, Pompidou parvient non sans difficultés à limiter les dégâts de la crise, ce qui lui vaudra de se faire remercier deux fois pour son action. La première au sens figuré, en se faisant virer après la crise comme victime expiatoire, tandis que son patron, véritable responsable de la crise, le général De Gaulle fuyait à Baden-Baden, comme naguère Louis XVI à Varennes. Pompidou avait vu le grand homme désemparé. Impardonnable. La seconde fois lorsque ce même De Gaulle , finalement pas si rancunier, l'autorisa à faire campagne pour la présidence de la République en 1969. Comme le disait également Édouard le Lyonnais, « Appuyons-nous sur les principes, ils finiront toujours par céder ». Malheureusement même si la mise en scène de Stéphane Douay apporte un certain dynamisme à l’ensemble, son style graphique nerveux, anguleux, (trop) proche du croquis n’est pas vraiment adapté à une telle fresque historique dans laquelle sont impliqués des personnages réels, censés être reconnaissables et identifiables au premier coup d’œil.
VERDICT
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Une bonne série, bien écrite, mais qui aurait mérité un peu plus de considération graphique tant les personnages historiques sont parfois difficile à reconnaître dans ce tome. Pourtant, il s'agit sans nul doute du meilleur volet de la série.