Moriarty (Yuukoku no Moriarty) est une série toujours en cours de parution au Japon et qui a connu quinze tomes à ce jour aux éditions Shueisha. Chaque héros a son méchant. Et bien que, dans un certain sens, Sherlock Holmes ne soit pas un héros, il a aussi son ennemi juré, James Moriarty, le seul intellectuel capable de rivaliser avec le génie de Baker Street. Cette histoire est celle d'un mythe réinventé, avec Moriarty en tant que protagoniste principal, et explorant sa motivation à devenir le plus grand criminel que la Grande-Bretagne ait jamais connu. La trame commence par la scène la plus classique des affrontements entre Sherlock et son rival: le combat final au sommet des chutes de Reichenbach, lieu de la mort du professeur et qui était destiné à être également la tombe de Holmes. Le scénario de Takeuchi tente d’accorder la notoriété que mérite Moriarty, en séparant son ennemi juré de ce moment, et en utilisant la ressource de flashback pour commencer à nous révéler les origines d’un Britannique aussi mystérieux. Nous étions alors dans l'Angleterre de 1866, l'un des moments les plus importants pour l'empire britannique dans son histoire. Le monde colonial et la révolution industrielle étaient à leur apogée et, dans la société britannique, on pouvait déjà voir, dans toute sa dureté, cette hiérarchie de classes si extrême qu'elle régissait depuis toujours ses relations internes et externes, ce sentiment de supériorité de quelques-uns. La vie dans l'Angleterre du XIXe siècle n'était pas facile à moins d'être de noble lignée, un pourcentage ridicule de la population. Tout dans la vie d'une personne était déterminé par sa lignée, par sa couche sociale, et les frontières entre les classes étaient insurmontables, favorisant ainsi une discrimination insurmontable.

Sherlock Holmes est pris au dépourvu lorsque John lui annonce non seulement qu'il va se marier, mais lui présente aussi sa fiancée Mary Morstan. Mme Hudson est ravie, mais le maître détective a le sentiment qu'il y a beaucoup plus que cela. Et c'est vrai, Mary a une affaire qu'elle ne peut plus attendre de régler. Il y a quelques années, son père a disparu et depuis, elle reçoit d'étranges messages et surtout une perle chaque année. La piste mène à un mystère bien plus grand qu'elle ne le pensait. Pour une fois, ce volume ne tourne pas autour des frères Moriarty, qui ne font aucune apparition. Au lieu de cela, Sherlock Holmes a l'occasion de briller dans l'adaptation du roman "Le signe des quatre", une histoire de Doyle, qui est bien sûr réinterprétée. On remarque très clairement qu'il n'aime pas le fait que John Watson ait maintenant quelqu'un qui compte peut-être plus pour lui que lui. La méfiance de Sherlock est donc aussi un peu basée sur la jalousie. Car il porte un regard beaucoup plus critique que d'habitude sur l'évolution de la situation et reste vigilant. En fait, l'affaire n'est pas résolue aussi facilement qu'on pourrait le croire, car s'il est évident que deux officiers britanniques ont détourné un important trésor des Indes et que l'un d'eux a en outre trompé l'autre, il y a finalement plus que cela. Car Mary n'a pas non plus dit toute la vérité - elle ne la révèle qu'à la fin et prépare le conflit à un affrontement encore plus grand, auquel beaucoup s'attendaient probablement déjà. Il est probable que les frères Moriary reviendront également sur le devant de la scène. Cela reste donc passionnant. Évidemment les dessins perfectionnés et hypnotiques de Miyoshi Hikaru ne sont plus à présenter tellement ils sont bons et rendent toujours plus accro aux personnages et univers de ce manga.