Un prologue plutôt qu'une suite.

Ghostrunner était la sortie qui a sauvé le thème cyberpunk dans les jeux vidéo sur consoles en 2020 – si vous voyez ce que l'on veut dire. Avec des visuels époustouflants et un gameplay stimulant, ainsi que des performances fantastiques, l'expérience de l'escalade de la tour du Dharma a été l'un des moments forts de cette année. Maintenant, deux ans plus tard, 505 Games avec One More Level, apportent l'extension Project_Hel, où le joueur prend le contrôle de Hel, l'androïde qui est l'un des boss à affronter dans la campagne principale de Ghostrunner. Project_Hel se déroule d'ailleurs juste avant les événements de l'histoire du jeu de base. Contrairement à Jack, Hel est un androïde combattant créé par Mara, sans aucun composant biologique dans son assemblage ; par conséquent, l'intelligence artificielle qui contrôle Hel est instable et l'inconstance se reflète dans le gameplay. Plus à ce sujet dans quelques paragraphes. L'inconstance du personnage pourrait toutefois se passer d'un passage que nous considérons pour le moins malheureux : tout au début du jeu, où Hel répond à une série de questions morales posées par Mara et, dans l'une d'elles, lorsqu'on lui pose des questions sur un père affamé qui doit choisir lequel des deux fils mourir de faim, et Hel répond qu'il devrait laisser "le fils le plus gros mourir". C'est le genre d'insensibilité gratuite et complètement inutile à l'histoire, qui montre d'une infinité de façons à quel point un personnage peut être instable sans avoir besoin de s'attaquer à une communauté spécifique.

Mis à part son instabilité émotionnelle et sa haine manifeste pour sa créatrice Mara, Hel est un personnage inférieur à Jack à pratiquement tous les égards, incapable de créer un lien avec le joueur ou de le faire ressentir quoique ce soit à son sujet. Le personnage ne présente pas beaucoup plus que cela - soif de vengeance et désir d'agir, et toute l'humiliation fournie par Mara n'atteindra probablement pas les joueurs, puisque le DLC ne fait aucun effort pour nous faire partie de l'histoire. Même les excellents sous-titres français ne sont pas capables de nous mettre à la place de Hel. One More Level définit le DLC comme "une mise à niveau du jeu de base pour les joueurs qui reviennent, et pour tous ceux qui n'ont jamais joué à Ghostrunner ou qui ne sont pas en forme, la courbe d'apprentissage est plus douce cette fois-ci", et cela ne pourrait pas être plus loin de la réalité. La phase d'entraînement est longue et fatigante, et cela sert de prélude à la suite de la partie.

Un gameplay qui évolue.

La "douceur" de la courbe d'apprentissage est très vite mise de côté, quand Hel doit rapidement affronter des hordes d'ennemis qui apparaissent sans préparer en aucune façon le joueur à ce qu'il va affronter. Soit des ennemis sautent devant vous et demandent du temps pour réagir convenablement, soit d'autres robots visent précisément le personnage et d'un seul coup sans temps de réaction, mettent fin à votre vie. Il y aussi l'inclusion d'autres types d'ennemis protégés par une énergie de dôme, que vous ne peut pas attaquer tant que vous ne l'avez pas détruit, mais ils peuvent vous attaquer. C'était une description chaotique du combat – et c'est exactement comme ça que ça se passe. Non pas que le chaos ne soit pas attendu d'un DLC Ghostrunner, mais l'impression qui en ressort est que le développeur a simplement jeté 3, 4 types d'ennemis différents à l'écran, et le joueur s'est littéralement battu avec. L'aventure principale du jeu offre un peu plus de souffle dans les combats, même dans les moments les plus effrénés ; ici, l'envie de tout détruire devant soi peut donner la nausée. Le jeu comporte 5 phases, qui comme le suggère l'entraînement sont longues, fatigantes et sans inspiration, réutilisant une grande partie des mécaniques du "sol de lave", - en l'occurrence électrique -, où le personnage ne peut pas toucher le sol ou sera puni de mort. Cela créent des obstacles qui sont souvent simplement surmontés par Hel sautant trop haut.

Heureusement, avec plusieurs mises à jour au cours des deux années suivant le lancement (en plus de nouveaux DLC), le jeu a ajouté plusieurs outils d'accessibilité, notamment pour Project_Hel , permettant aux ennemis d'attaquer plus lentement, par exemple. Cela aidera certainement les joueurs occasionnels qui ne sont pas intéressés à devenir bons, mais qui veulent quand même essayer le jeu. Auparavant, nous avons commenté que l'instabilité émotionnelle du personnage avait une influence sur le gameplay et, en fait, parfois la mission principale passe d'un objectif plus pacifique, comme "éviter les morts inutiles", à quelque chose de brutal comme "tuez-les tous", ce qui est un bel élément de surprise pour le joueur qui peut commencer un niveau avec prudence et le terminer dans le style Terminator ultime .

Nouvelle histoire, vieux bugs (et quelques nouveaux)

Quand nous avons dit que Ghostrunner était la version qui a sauvé le thème cyberpunk en 2020, nous faisions certainement référence aux performances globales du jeu : bonne optimisation et bon polissage des phases. Le bogue le plus récurrent nous poussait hors de la carte avec un personnage qui se retrouvait coincé dans les limbes du scénario, ce qui était facilement contourné en réinitialisant le point de contrôle le plus récent. Mais dans Project_Hel, les bugs déjà connus reviennent avec plus de force et apportent des renforts : le personnage, qui saute beaucoup plus haut que Jack, saute constamment des plateformes même lorsqu'il est bien positionné, en plus de se téléporter vers d'autres points de la carte lors de combats plus effrénés, ou alors il ne va pas initier le mouvement d'escalade et simplement tomber de la carte - ou dans un tuyau aléatoire. En plus des ennemis qui ne sont pas touchés ou pire, d'aucuns entrent par le sol et ne reviennent à la vue du joueur que lorsqu'ils sont au-dessus du personnage, frappant d'un seul coup fatal. Ce sont des bogues qui ajoutent à la frustration et on ne peut s'attendre à ce qu'ils soient corrigés que dans un correctif ; de préférence le jour 1.

Ghostrunner est un jeu avec des scénarios époustouflants qui fait bon usage des environnements fermés pour créer une atmosphère désolée et en même temps très vibrante, indiquant qu'il y avait une fois la vie où le joueur passe, prenant la destruction. Malheureusement, dans Project_Hel , les scénarios ne sont pas si bien exploités et on passe la plupart du temps face à des murs en béton et on voit beaucoup moins le néon typique des scénarios cyberpunk. On peut le prendre en parallèle avec le personnage lui-même, qui n'a aucune trace d'humanité en lui et donc, le scénario reflète le manque de vie de Hel - mais quand même, un peu plus de couleur ne ferait pas tant de mal puisque dans les moments où les couleurs sortent, le charme signature de Ghostrunner vient au premier plan. En plus de nouveaux niveaux, le DLC Project_Hel propose également 6 nouvelles chansons de Daniel Deluxe, le compositeur de la bande originale de Ghostrunner. Le pistes supplémentaires contribuent davantage à l'ambiance chaotique du DLC, où une musique très frénétique et très complexe joue fort dans vos oreilles lors des battles. Elles peuvent être de bonnes chansons pour une fête, mais dans Ghostrunner Project_Hel, elles n'ont pas si bien fonctionnées.