Entre-deux (Niko Tama) est une série en cinq tomes publiée au Japon aux éditions Kodansha. Atsuko (Ah-chan) et Kouhei (Kouhei) ont toutes les deux 29 ans et vont bientôt faire leurs adieux à leur adolescence. Les deux pensent que 29 ans est un bon âge, mais réalisent que cela ne les fait pas se sentir plus adultes. Les deux s'entendent, mais aucun ne veut vraiment être le premier à franchir le pas. Après neuf ans de fréquentation et une vie commune pendant cinq ans, Atsuko et Kouhei sont amenés à évaluer les questions lancinantes concernant leur travail, leur vie et la perspective d'avoir des enfants : qu'allons-nous faire ? Qu'est-ce qui va nous arriver?

Peko Watanabe n'a pas choisi la voie de la facilité. Le sujet de ce manga est casse-gueule : Kôhei aime sa petite amie, Atsuko, avec laquelle il semble former un couple fusionnel, mais il attend aussi son premier enfant puisque sa collègue est enceinte de lui. Difficile de ne pas avoir un a priori négatif sur le personnage masculin qui a trompé sa compagne, mais la mangaka s'abstient de tout jugement. Chaque personnage paraît victime des événements, subit les décisions des autres, mais aucun n'agit volontairement dans le but de faire du mal. Tous sont anxieux face à leur propre avenir, restent stoïques face aux événements. Les titres des chapitres portent étrangement des noms de plats comme "anguille", "gratin", ou "lait aux fraises". Ce shojo pourra dérouter car il propose une peinture des sentiments humains effectuée avec détachement, sans pathos, là où on est habitué au drama, à la caricature. À part le visage parfois déformé de Kôhei, le style reste dépouillé, neutre, avec un ton presque froid alors que le sujet aurait pu au contraire s'accorder avec une surenchère d'effets. Mais cette retenue permet à la mangaka de critiquer la société dans son ensemble, en nous montrant d'autres personnages que le triangle principal. L'on suit par exemple la collègue pas très séduisante d'Atsuko qui aimerait qu'on s'intéresse à elle. En parallèle à l'histoire d'adultère, on comprend qu'Atsuko pardonne aussi à Kôhei par peur de rester seule ou de ne jamais avoir d'enfant.