C'était il y a quarante ans et pourtant même les plus jeunes s'en souviennent ou en ont entendu parler.  L’affaire du petit Gregory est malheureusement le fait divers le plus connu et le plus médiatisé de France depuis le 16 octobre 1984, date ou l’on a retrouvé son corps sans vie dans la Vologne, dans les Vosges, les mains et les pieds liés par des cordes. S'ensuit une saga judiciaire de trois décennies qui continue de passionner le public. De victime, le père est devenu coupable en tuant celui qu'il présumait être l'assassin de son fils. Quarante ans après ce drame, Jean-Marie Villemin a accepté de transmettre son témoignage afin de donner sa version des faits.  L’affaire Grégory est peut-être la première saga policière contemporaine française, alimentée par des détails sordides, des rebondissements tragiques et des journalistes trop zélés.

Ce roman graphique retrace le procès de Jean-Marie Villemin, père de Grégory et coupable du meurtre de Bernard Laroche, le corbeau présumé, en 1993. Quelle sordide histoire, racontée avec une grande acuité. Les auteurs relatent bien sûr les faits, mais aussi la profonde détresse des époux Villemin et leur détermination à démasquer le coupable. Une affaire d'ailleurs toujours en cours d'instruction, après les égarements d'un juge, les errements des gendarmes, l'irresponsabilité des avocats de Laroche, la responsabilité des médias. Il y aurait tant à dire ! C'est un roman graphique vraiment bouleversant et édifiant à plus d'un titre. Le graphisme noir, gris et ocre, au trait "comme taillé à la serpe" sert parfaitement le scénario qui oscille entre les faits réels ou supposés et les émotions profondes et légitimes ressenties par les Villemin.