Au début de ce volume, Terry, le plus jeune, explique brièvement en quoi consiste cette série de bandes dessinées, un rappel utile puisque le dernier tome était sorti en novembre 2021. Il s'agit de cinq enfants d'âges différens (Dodji, Yvan, Leila, Terry et Camille) qui ont perdu la vie au cours d'une nuit spéciale et qui retournent dans leur ville natale de Forville, dans une sorte de monde parallèle. Là, les anciennes instances dirigeantes humaines ne règnent plus, mais il y a un imperator, un élu, qui gouverne avec l'aide de conseillers et de soldats. Ces derniers sont apparemment les ennemis jurés des cinq enfants, qui sont impitoyablement poursuivis. Il est intéressant de noter qu'ils ne peuvent pas être tués - après tout, ils le sont déjà. Mais on ne sait pas exactement ce qu'est cette inimitié ni pourquoi elle existe. Dans ce volume, le nouvel Elu, Saul, un jeune homme amoureux de Camille, l'un des cinq enfants, donne vie à une statue, un soi-disant protecteur. Il est invulnérable, primitif, mais il a la faiblesse de ne pouvoir chasser que les personnes sur lesquelles le soleil tombe. La devise est donc de rester à l'ombre. Et comme la sculpture est en bronze et donc lourde, le combat n'est pas forcément impossible. Les cinq font de leur mieux pour ne pas tomber entre les mains du protecteur, mais lorsqu'ils sont dépassés, ils contre-attaquent avec courage et astuce. Le fait que les troupes de l'imperator ne soient pas toutes aussi loyales les unes que les autres est parfaitement mis en évidence. Et puis il y a le nain sadique Toussaint au service de l'Elu. Ce violent malade mental n'hésite pas à sacrifier son propre peuple pour la « bonne » cause. Cela lui coûtera cher.

Dans ce nouveau volume, Vehlmann place ses pions pour le grand final ou la grande guerre dans les Limbes. Chaque nouvel arrivant ou enfant nouvellement mort introduit son propre monde vivant dans les Limbes et apporte ainsi des nouvelles récentes. Le dernier nouveau venu est mort dans une ville située à deux jours de route du camp de base de Forville.  Les cinq décident d'aller sur place afin d'essayer d'en savoir plus sur la nuit où ils sont tous morts ensemble. Mais cela ne plaît pas du tout à la bande qui entoure le nouvel élu de la première famille, Saul. Chaque album de Seuls a une structure fixe depuis une dizaine d'années maintenant. Ça commence toujours par une scène d'action qui met en avant le lien avec l'album précédent. Puis quelques pages de textes lourds qui clarifient une partie du mystère ou le complexifient encore plus, et se terminent ensuite par une trentaine de pages d'action fracassantes. La fin est toujours le cliffhanger qui vous donne envie de la prochaine partie. Encore une fois, cette structure est strictement respectée. Mais ça ne dérange pas. Au contraire. Il fonctionne. Plus nous lisons Seul, plus nous sifflotons avec admiration sur nos doigts. Il y a un plan sérieux derrière tout ça.